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29 novembre 2016 2 29 /11 /novembre /2016 16:06

 

L’élection présidentielle américaine et les prochains rendez-vous électoraux en Italie, en Autriche, puis en Hollande, en France et en Allemagne créent un nouveau climat de tension sur les marchés. Les taux longs américains sont ainsi passés de 2,2% fin juin 2016 à plus de 3% aujourd’hui. Par contagion, le phénomène se déploie en Europe et en particulier chez les plus fragiles. L’Italie connait maintenant une courbe des taux dont les valeurs (jusqu’à 3,5% pour les obligations à 50 ans) dépassent largement une croissance économique de seulement 0,8% pour la présente année.

 Mécaniquement le cours des dettes publique s’affaisse et le risque de taux augmente avec celui de la maturité. Ainsi les obligations italiennes à 50 ans ont perdu 11% de leur valeur 6 semaines après leur lancement à la fin de l’été. Il en est déjà de même pour la plupart des titres publics de la partie sud de la zone Euro. Globalement on peut estimer que 1% de hausse entraine une baisse de 20% pour les titres à maturité très longue.

Les conséquences sont évidemment sévères pour les investisseurs et surtout pour La BCE qui, gavée de dette publique, devient une structure de défaisance avec- si l’on reste dans l’idéologie allemande- évaporation de ses capitaux propres et recapitalisation par les divers pays actionnaires. De quoi développer une nouvelle crise de la zone euro.

Dans un tel contexte on est amené à se poser la question d’une possible fin de « l’exposition à la dette » des différents Etats, c’est-à-dire la suppression d’un marché primaire de la dette dont les aléas mettent clairement en évidence ce que certains appellent le caractère inachevé de la construction de la monnaie unique.

Et il est vrai que si l’on se tourne vers l’histoire financière – sans même aborder ce qu’on appelle le « mode hiérarchique du financement de la dette publique »[1] - on se rend compte que les siècles passés avaient engendré l’idée de dette perpétuelle et un monde à priori beaucoup plus stable. Pourquoi une dette publique perpétuelle et comment expliquer sa disparition ?

L’origine en est simple : la volonté de contourner l’interdit du prêt à intérêt par l’église. Ce qu’on appelle rente était un moyen commode de céder un bien contre le versement d’une annuité régulière derrière laquelle se cachait un véritable taux d’intérêt. Inaugurée en 1535 en France avec François 1ER , elle devait se développer massivement en Grande Bretagne après la révolution anti Stuart (1688) et devenir hégémonique pour nombre d’Etats au 19ième siècle.

Si le principe est simple le prix reste élevé. Le capital étant durablement aliéné, le risque souverain non exclu et l’inflation toujours possible, il faut comprendre que le taux de l’intérêt est logiquement plus élevé que sur une dette de courte maturité, ce que confirme la classique courbe des taux. C’est la raison pour laquelle nombre d’Etats ont essayé d’en limiter le surcout par des clauses juridiques plus ou moins contestables. Ainsi celle de l’intervention sur un marché secondaire de la rente avec, en particulier, une clause de rachat à la discrétion du Trésor. Le prix étant jugé trop élevé le Trésor rachète de la dette, en fait monter le cours et fait baisser le prix des rentes futures. Stratégie douteuse qui pourra éloigner les rentiers et maintenir le prix, et stratégie qui ne sera jamais, à ce titre, utilisée par le Trésor britannique jusqu’à la fin du 19ième siècle. Notons aussi que la rente perpétuelle devient un outil privilégié de l’épargne avec constitution de l’équivalent d’un véritable système de retraite avant l’heure.

Ce sont essentiellement les immenses besoins de la première guerre mondiale qui, par le biais de l’inflation, vont faire disparaitre progressivement la rente perpétuelle. L’apparition ultérieure du keynésianisme avec des taux qui ne sont plus des prix de marché, ce que l’on a appelé la répression financière, confirmera la disparition.

Le retour en force de la finance à partir des années 80, la fin des liens entre Trésors et Banques centrales, la généralisation des taux de change flexibles avec libre circulation du capital, etc. ont remis au premier plan le mode marché de l’endettement public. A la fin des années 90 le mode marché est généralisé et tous les grands pays du monde disposent à côté du Trésor d’une agence spécialisée dans la vente de dette publique.[2] Dans la plupart des Etats, sauf peut-être en Grande Bretagne, la bonne gestion de la dette publique consiste bien évidemment à la rendre la moins couteuse possible, ce qui passe par la volonté de mettre en concurrence la totalité des épargnes mondiales et donc de bénéficier de la profondeur d’un marché planétaire[3], mais qui passe aussi par des maturités relativement courtes[4]. Internationalisation de la dette et court-termisme sont ainsi devenus les outils d’un taux et donc d’un prix peu élevé, Mondialisation d’une dette à court terme, « low cost », mais volatile, constituent les caractéristiques principales de la dette publique moderne.

Avec la crise financière qui fait d’un euro  (mal construit parce que de fait politiquement inconstructible - une proie) les déficits budgétaires ont surdimensionné les appels au marché de la dette publique avec, s’agissant de la France, près de 10% de son PIB annuel[5]. De quoi donner des sueurs froides aux responsables de l’AFT lorsque les taux montent.

C’est ce qui fait penser à certains que le retour de la rente perpétuelle permettrait de mettre fin à l’exposition des dettes par transformation de la dette publique, en rente perpétuelle[6]. Il s’agirait de financer les amortissements annuels de la dette publique par émission de dette perpétuelle. Cela entrainerait en quelques années l’asséchement du marché de la dette publique avec disparition progressive du risque de spéculation…si toutefois il y a retour à l’équilibre budgétaire. Signalons que les Etats à fort excédent d’épargne- essentiellement Allemagne, Hollande et Luxembourg -  n’ont en aucune façon intérêt à une renaissance de la dette perpétuelle plus couteuse que l’actuelle dette publique.

Resterait donc les Etats à déficit d’épargne cherchant aussi à renationaliser une dette publique devenue trop dangereuse. Pour autant une renationalisation de la dette serait un projet difficile car il faudrait une mobilisation beaucoup plus grande de l’épargne nationale, une épargne attirée par des taux plus élevés, mais qui serait aussi affectée à la seule sécurisation d’un Etat, et une sécurisation chèrement payée. Concrètement il s’agirait d’un effet d’éviction au détriment d’investissements dans l’économie réelle. Cela signifie un effet dépressif d’autant plus important que le rythme fixé à la transformation de la dette est lui-même rapide. Si tous les pays à fort besoin de financement s’acheminaient vers un tel processus, il en découlerait une contraction de l’activité avec contagion sur l’ensemble de la zone. En particulier si la France, seconde économie de la zone, devait amortir le flux annuel de dette étrangère échue, soit environ 100 milliards, on peut imaginer la puissance de la dépression, qui en retour il est vrai, aboutirait à la renationalisation complète de la dette au bout d’un peu plus de 7années.

Au-delà, il est clair que l’effet dépressif serait plus important là où la rente serait la plus couteuse c’est-à-dire dans les pays du sud. Il faut donc en conclure que le passage à la rente perpétuelle ne peut être l’occasion d’une renationalisation des dettes.

De tout ceci il résulte que le retour de la dette perpétuelle ne peut s’envisager sans un fort appui parallèle de la monétisation directe, une monétisation interdite,  ou trop limitée dans le cadre sans doute très surveillé par l’Allemagne, de l’application de l’article 132.1 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne.

Il sera décidément très difficile d’échapper au processus de dislocation violente de la zone euro.

 

[1] Cf l’article : http://www.lacrisedesannees2010.com/article-statut-des-banques-centrales-et-etats-du-monde-85259345.html

[2] En France l’AFP située dans les locaux de Bercy.

[3] La dette publique française est aujourd’hui vendue à 17 Spécialistes en valeurs du Trésor (SVT) pour l’essentiel des banques dont de nombreuses sont étrangères.

[4] A fin septembre 2016, la dette publique était à 60% dans des mains étrangères. Dans le même temps elle était d’une maturité moyenne de 7 ans et 124 jours.

[5] 198,5 milliards d’euros pour l’année 2016.

[6] On trouvera un tel point de vue chez Michaël Berrebi et Jean Hervé Lorenzi. Cf : « Un Monde de violence, l’Economie mondiale 2016-2030 » ; Eyrolles ;2015. Cette idée se retrouve également dans nombre de groupes de réflexion.

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26 novembre 2016 6 26 /11 /novembre /2016 15:16
Kindle Edition, 2016, 448 pages.

Kindle Edition, 2016, 448 pages.

L’euro ou la bataille des idées

Un nouveau livre sur l’euro vient d’être publié par 2 universitaires de la London School of Economics , (Markus K Brunnermeier et Harold Jame) et un ancien haut fonctionnaire français qui fut aussi second sous gouverneur de la banque de France  (Jean Pierre landau).

Son mérite est d’explique la gestion des crises successives de la monnaie unique à partir d’une opposition idéologique fondamentale entre l’Allemagne et la France. Les auteurs resituent bien les clés fondamentales de cette opposition, le respect ou la dictature des règles d’un côté et le pouvoir discrétionnaire du politique de l’autre. Avec toutes ses conséquences sur les pratiques concrètes de la gestion : le principe de responsabilité avec la question de l’aléa moral , le « no bail out clause » et le souci de la solvabilité de long terme, d’un côté ; et de l’autre, le principe de solidarité , avec ses conséquences sur l’aléa moral, le possible « bail out » et l’idée que le vrai risque est celui de l’illiquidité. Les pays du sud et en particulier la Grèce auraient été victimes de cette opposition avec l’autorisation d’une survie sans avenir dans la zone euro[1].

Il est bon de rappeler cette opposition doctrinale fondamentale. Il eut été plus satisfaisant d’aller plus loin dans l’explication en rappelant aussi que l’univers de la règle intangible était fondamentale pour accoucher sans trop de difficultés des traités de Westphalie[2] et de leur application convenable dans un monde fort complexe – celui des allemands de l’époque - exigeant le partage strict des responsabilités entre un centre et des Etats membres. Une posture de responsabilité que l’Allemagne d’aujourd’hui aimerait imposer avec radicalité dans l’Europe d’aujourd’hui.

Il eut été aussi bon de préciser que ce qu’on appelle règle n’est qu’un contrat dont l’incomplétude est une donnée objective. Une règle parce que générale ne peut embrasser toute la richesse de l’histoire concrète de l’interaction sociale, et c’est la raison pour laquelle même les Traités, même les Constitutions se déployant dans l’incertitude radicale restent fondamentalement révisables.

Mais la critique la plus importante que l’on peut adresser à ce livre est qu’il oublie la logique des intérêts qui s’affrontent autour d’un prix désormais exclu du marché : le taux de change. L’Allemagne veut préserver l’euro dans son incomplétude car elle bénéficie d’un taux de change irréaliste. La France à l’inverse est victime d’un taux de change qui la  détruit et risquerait de la faire disparaitre, même en temps que puissance moyenne, si elle devait avec le pouvoir d’un nouveau président de la république se lancer dans le précipice de la dévaluation interne.

 

 

[1] Nous nous sommes intéressés à cette question à plusieurs reprises et notamment dans : http://www.lacrisedesannees2010.com/article-regard-sur-les-banques-centrales-naissance-metamorphoses-essence-avenir-partie-1-117917128.html

[2] Ces traités signés le 24 octobre 1648 fixent les règles de fonctionnement de l’empire allemand et les règles internationales qui en découlent avec les autres signataires.

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12 novembre 2016 6 12 /11 /novembre /2016 15:23

 

Les candidats à la primaire de la droite et du centre proposent en moyenne une baisse de 100 milliards de dépenses publiques sur 5 années. Cela représente 1% du Pib chaque année et 1,6% du montant total des dépenses publiques.

Compte tenu du multiplicateur budgétaire estimé à 2,6[1], cela signifie un potentiel de recul du PIB de 2,6% l’an. Bien évidemment d’autres facteurs interviennent, notamment la baisse de l’impôt associée dont le montant est plus difficilement détectable dans les programmes avec parfois de simples transferts entre classes d’impôts, en particulier baisse de la fiscalité directe contre hausse de la TVA. Cette baisse est assortie d’un multiplicateur plus faible estimé à O,4. Cela signifie, en estimant la baisse de la pression fiscale à 10 milliards d’euros l’an, une croissance de 0,002% de PIB. Valeur quasi négligeable. Il faut aussi comprendre que les programmes de baisse de la dépense publique sont beaucoup plus lourds que ceux de la baisse de la pression fiscale puisque l’un des objectifs de ces programmes est aussi la diminution du poids de la dette publique.

L’effet dépressif est ainsi nettement plus élevé que l’effet d’expansion. Il est important de préciser concrètement le phénomène en proposant d’expliquer le pourquoi de ces multiplicateurs jamais évoqués dans les débats publics.

Inégalités sociales croissantes dans la dépression

Démontrons en premier lieu qu’une baisse de la dépense publique affectera plutôt les classes populaires et moyennes que les classes aisées.

On peut certes envisager, et de façon assez irréaliste, un accès plus difficile aux services publics pour les classes aisées, espérer que les revenus moindres qui en découleraient donneraient lieu à une baisse de l’épargne et donc à un effet relance compensant l’effet contraction, mais il s’agirait de montants relativement faibles et sans impact macroéconomique. Il est donc assuré qu’une diminution importante de la dépense publique frapperait essentiellement, directement ou indirectement, les classes moyennes et populaires : Indirectement, s’il s’agit de s’attaquer aux dépenses plus ou moins régaliennes, en supprimant des postes ou en licenciant des instituteurs, des militaires, des policiers, etc. Directement en s’attaquant aux dépenses sociales, par exemple la diminution de revenus de transferts (allocations au titre du chômage, retraites, RSA, logement, etc.)

Pour ces couches sociales il n’est pas question de compenser la chute des revenus associés à la diminution de la dépense publique par une diminution de l’épargne, celle-ci étant trop faible. En contrepartie, une diminution du prélèvement fiscal n’affecte que fort peu ces mêmes couches sociales.

De tout ceci, il résulte que la diminution des dépenses publiques affecte massivement et rapidement le reste de l’économie : les acteurs de ces couches sociales moyennes et inférieures ne pouvant plus dépenser ce qu’ils n’ont plus. Dit très brutalement, la diminution des dépenses sociales est directement une mauvaise affaire pour les entreprises livrant des biens et services aux ménages. Elle peut même entrainer la disparition de celles d’entre-elles qui se situent dans des bassins où les revenus de substitution sont très importants, avec, par conséquent, aggravation de la situation dans les banlieues et ses risques politiques ce qu’on appelle depuis la dernière élection américaine « les banlieues des métropoles mondialistes ».

Par contre, pour les couches sociales aisées si la diminution de la dépense publique est d’impact faible, la baisse de la pression fiscale connait un impact non négligeable sur le chiffre d’affaires des entreprises leur livrant des biens et des services. Avec toutefois un très fort amortissement de cet impact provoqué par une épargne supplémentaire et des importations plus élevées.

On comprend ainsi mieux le poids de ces multiplicateurs annoncés plus haut avec globalement un effet dépressif très lourd et aussi des effets très mal répartis entre les différentes couches de la société et les espaces de vies correspondants : la fracture sociale ne peut que s’aggraver. Avec un mouvement auto-entretenu : Parce que l’effet dépressif est puissant, on ne peut qu’accélérer le processus enclenché si l’on veut maintenir les objectifs, de quoi entrainer la ruine économique et sociale du pays avec ses conséquences politiques.

Occulter l’avenir

Il est possible d’aller plus loin dans l’analyse.

Quand on veut diminuer la dépense publique de 20 milliards par an, on s’aperçoit vite que le chantier n’est guère aisé pour celles des dépenses liées aux rémunérations. Sauf à licencier sans indemnités des fonctionnaires, hypothèse peu réaliste, la suppression de postes ne signifie en aucune façon une diminution de la masse salariales distribuée. La raison en est simple, il faudra continuer à supporter le poids des retraites. Ne pas remplacer un fonctionnaire n’entraine une diminution de la dépense publique que par la mort, à attendre, de fonctionnaires retraités. La baisse de la masse salariale, sauf affrontement direct non inscrit dans les programmes, ne peut aller plus vite que ce qui est autorisé par les « sorties naturelles » des fonctionnaires.

Sachant que les dépenses publiques sont massivement des rémunérations (environ 75% du total de la dépense) on comprendra  mieux que le respect de la règle de la diminution annuelle de 20 milliards de dépenses passe soit par la baisse des consommations intermédiaires des services publics produits (baisse du chauffage dans les ministères et autres bâtiments publics, baisse de la consommation de papier, de seringues dans les hôpitaux, etc.) , soit par la baisse de l’investissement public ( non-renouvellement ou non-modernisation des infrastructures publiques, non-renouvellement ou non-modernisation des équipements militaires ou de sécurité, etc.), soit la baisse des transferts directs aux ménages et aux entreprises ( soins médicaux, retraites, RSA, CICE, etc.)

On comprend ainsi que le respect d’un tel programme de diminution des dépenses éclipsera largement le souci de l’avenir et frappera lourdement les services et transferts directs : soins, revenus de substitution. On comprend aussi que face à cette difficulté, des poches de dépenses publiques seront sanctuarisées (ensemble du secteur médico-social par exemple) au détriment de l’investissement public et donc de la construction de l’avenir. Qu’en sera-t-il de la branche énergie, des industries de la Défense, etc… ?

L’impossible épanouissement d’une économie de l’offre qu’ils souhaitent pourtant.

Bien évidemment, il est possible de renverser le raisonnement et dire que la diminution des dépenses publiques n’est pas la volonté d’occulter l’avenir mais au contraire de le préparer en extirpant de la sphère publique les poches de sous-productivité et autres activités inutiles. En termes gestionnaires, il est d’ailleurs possible d’affirmer que si l’on ne peut aisément diminuer la masse salariale, on peut élever la productivité du travail direct (produire autant de services avec moins de fonctionnaires), par exemple en augmentant le temps de travail, en le réorganisant, en luttant contre l’absentéisme, en supprimant les compétences multiples, etc.

Globalement, un tel scénario serait satisfaisant si les emplois de fonctionnaires libérés par des gains de productivité dans la sphère publique devenaient emplois nouveaux plus productifs dans la sphère marchande. Au fond, le choix d’une diminution de la dépense publique serait aussi celui de faciliter voire impulser une meilleure affectation des ressources. Encore faut-il se poser la question de savoir si cette contraction de la dépense publique autorise l’épanouissement du marché conduisant à cette meilleure affectation. Or la réponse est loin d’être évidente puisque l’effet dépressif lourd est d’abord une contraction de la demande globale, donc des marchés dont l’encombrement global ne peut être vaincu que sur la base de l’innovation (HUBER remplace les taxis), ou de gains de compétitivité acquis sur une productivité fausse (baisse des salaires), ou réelle (progrès technique). Le résultat global de cette tentative de passage à plus d’économie de l’offre est loin d’être évident.

Il résulte tout d’abord de l’orientation de contenu de ces nouvelles offres. Si la digitalisation est massive, cela pose le problème de la répartition mondiale des gains de productivité en corrélation avec le risque du « winner take all ». Si la compétitivité résulte uniquement des effets mécaniques de la baisse de la dépense publique (charges sur salaires), aucun gain de productivité n’est enregistré. Seul le progrès technique permettrait dans ce cas de figure un soulagement à la contraction de la demande globale. Or ce progrès technique, que l’on peut imaginer facilité par la nouvelle politique (aucune preuve ne peut être apportée), exige un temps long en contradiction avec le temps court de la machine dépressive.

Au total, si personne ne peut militer pour le maintien des poches de sous-productivité de la sphère étatique, il est évident que la stratégie générale proposée mène à l’impasse.

Un véritable programme de reconstruction passe par de tous autres moyens. Parce qu’il est très difficile de libérer l’offre globale en déprimant la demande globale, il faut changer de paradigme et libérer massivement l’offre dans un contexte de demande garantie.

Libérer l’offre passe par un premier non-respect de la réglementation européenne en réquisitionnant le gouverneur de la banque de France[2]. Ce dernier aura pour mission de monétiser la dette et de permettre  les investissements massifs donnant accès  dans un premier temps au rétablissement du bon fonctionnement des infrastructures de base ( 55milliards d’euros pour EDF, 30 milliards pour le rail, etc.,  mais aussi l’équipement militaire, et surtout la lutte contre le dérèglement climatique) . Simultanément la reprise en mains du système financier dont les dirigeants seront aussi réquisitionnés, permettra avec la monétisation assurée par la banque centrale d’envisager des investissements eux-mêmes massifs pour la mise à niveau d’un système productif (surtout industriel et agricole) devenu très en retard en termes de compétitivité. C’est dans ce cadre porteur que l’offre nouvelle pourra se libérer et assurer ce qu’on appelle la montée en gamme du système productif français.

Maintenant parce qu’il faut que les investissements gigantesques capables de redresser le pays ne débouchent pas sur un non moins gigantesque accroissement des importations[3]….assurant la relance à l’étranger….il faudra profiter de la probable disparition de l’euro, (dont le fonctionnement était lié à l’indépendance de la banque centrale….devenue organe financier dirigé par un gouverneur réquisitionné), pour procéder à une dévaluation massive.

Bien évidemment, tout cela ne pourra se déployer sans effets pervers qu’il faudra savoir maitriser : élasticités/prix à l’importation et à l’exportation beaucoup trop faibles, contrôle des mouvements de capitaux, risques d’inflation, pénurie de devises, etc. Et bien au-delà l’exigence d’une certaine patience, le rétablissement ne pouvant s’opérer que dans le cadre d’une dizaine d’années.

 

 

 

 

 

 

 

[2] http://www.lacrisedesannees2010.com/2016/10/candidats-a-l-election-presidentielle-saisir-les-premieres-cles-permetant-la-reconstruction-de-la-france.html

[3] Même sans croissance réelle le commerce extérieur français ne cesse de se dégrader avec un déficit de 48,7 milliards d’euros entre septembre 2015 et septembre 2016 , contre « seulement » 45,4 milliards un an plus tôt.

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4 novembre 2016 5 04 /11 /novembre /2016 10:32
Banques Centrales : Indépendance ou soumission ???

 

A titre de complément ou de justification théorique de l'article que nous avons publié ce 31 octobre (  Candidats à l'élection présidentielle: Saisir les premières clés permettant la reconstruction de la France)
Je rappelle ici un livre que j'avais publié en 2012. Les faits - au delà de la petite guerre entre le gouverneur de la BoE et la première ministre Britannique - semblent nous donner raison et il parait impensable, que longtemps encore, les peuples accepteront une politique économique entièrement dictée par l'impératif de sauver la Finance planétaire.

Les élections présidentielles sont l'occasion de se saisir du dossier. Certes, nous avons toujours pensé qu'on ne peut devenir Président de la République avec pour programme la fin de l'euro. La raison en est simple et repose sur la peur d'un monde de l'après euro que les grands bénéficiaires de la monnaie unique construisent inlassablement avec des termes creux, tel celui consistant à dire que "la monnaie unique protège", ou que l'on ne peut plus vivre en dehors de "grands ensembles intégrés". l'ordre actuel repose donc sur la peur et il est vrai -  ainsi que le soulignait notre dernier article- que l'ennemi dispose d'une puissance inouïe, d'où nos conseils pour l'affronter là où il ne s'y attend pas. Le Livre conseille simplement à ces candidats qui ont eux-mêmes peur de la peur du peuple de prévoir la réquisition du gouverneur de la banque centrale. Il ne faut pas s'attaquer frontalement à ce qui est devenu un Talisman: on ne peut que l'étouffer en attaquant son support, c'est à dire le fait d'accepter qu'une banque centrale puisse être indépendante du pouvoir.

Bien évidemment les autres candidats, tous les autres, sont dans l'incapacité radicale de proposer quoi que ce soit en matière d'objectif de reconstruction du pays, à partir du moment où ils refusent de quitter le logiciel de l'UE.

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31 octobre 2016 1 31 /10 /octobre /2016 13:46

Il existe des candidats courageux qui engageront le débat sur une réelle reconfiguration des institutions européennes. Ces candidats doivent savoir qu’ils se heurteront à des forces d’une puissance inouïe. Face à cela il faut savoir engager une guerre éclair : attaquer l’ennemi là où il ne s’y attend pas et frapper avec la force de l’instantanéité et une puissance de destruction que l’ennemi ne sera pas en mesure de contenir.

Le contenu de la campagne :

  • Il doit tourner sur l’impossibilité de reconstruire le « vivre ensemble » et l’économie du pays sur la base des règles du jeu de l’UE.
  • Il doit insister sur l’impasse dans laquelle se trouvent tous les pays partenaires au bénéfice de la seule Allemagne laquelle jouit d’une compétitivité artificielle.
  • Il faudra insister lourdement sur la Finance qui fabrique de la fausse monnaie pour « se sauver », pour spéculer, avec effets de détruire les entreprises et rendre insupportables les inégalités, et finalement pour ne plus assurer sa fonction première qui est l’investissement.
  • Ne pas hésiter à mettre en avant notre prix Nobel : Maurice Allais.
  • Repérer, sélectionner, responsabiliser et former les hauts fonctionnaires chargés de rendre  exécutoires les « décisions » prévues dans la rubrique « Après l’élection ».  

L’engagement :

  • Engagement sur l’honneur que les Traités seront renégociés.
  • Que La France s’engage à bloquer tout « approfondissement » de l’UE et ce quelle qu’en soit la forme, tant que ses revendications essentielles sur la monnaie et la finance, ne seront pas prises en considération.
  • Parmi ces revendications il y a la mise à l’index de la finance folle, le retour de la souveraineté budgétaire et le contrôle de la banque centrale par les citoyens.
  • Pas de référendum sur l’appartenance à L’UE pour ne pas donner d’armes à une spéculation amie des représentants des institutions bruxelloises. (On ne s’attaque à l’ennemi que lorsqu’on est sûr de remporter la victoire).

Après l’élection :

  • Attendre de pied ferme le déclenchement de la spéculation. On peut même habilement la précipiter.
  • Frapper très fort en décidant de l’utilisation de l’article 16 de la Constitution aux seules fins de réquisitionner le gouverneur de la banque centrale et tous les dirigeants du système financier. (Après inventaire il n’existe pas d’autre outil juridique que l’article 16, en particulier l’utilisation du principe de respect de « l’identité constitutionnelle » n’a aucune portée).
  • Proposition de texte : « Attendu que la spéculation sur les marchés financiers menace gravement l’indépendance de la France et fait obstacle au fonctionnement régulier des pouvoirs publics, le président de la République active l’article 16 de la Constitution. A cet effet il prend toutes dispositions pour mettre fin aux activités financières nuisibles à la France. Dans ce cadre une série de « Décisions » portant sur les prérogatives du gouverneur de la banque de France , celles des responsables des grandes institutions financières et des hauts fonctionnaires chargés de l’application desdites décisions  est prise. Leurs effets sont immédiats ».
  • La protection de l’épargne nationale constitue l’un des objectifs principaux des Décisions prises par le Président de la République. Cette volonté doit figurer dans les attendus de chacune des Décisions.
  • Il n’est pas nécessaire d’attendre les élections législatives pour agir.
  • Attendre, par « exportation » de la spéculation, la grande dislocation de la zone en laissant à l’Allemagne le soin de retrouver sa monnaie si tel est son désir.
  • Entrer concrètement dans la phase de reconstruction globale (institutionnelle, sociale, économique, etc.) notamment par le caractère massif de l’investissement autorisé par une architecture financière nouvelle.

Nous n’avons là que les premières clés de la porte d’entrée d’une alternance, qui ne peut être comme les autres, et doit devenir une phase historique nouvelle pour le pays. Elles sont nécessaires mais non suffisantes. Les autres clés très nombreuses qui doivent figurer dans un programme véritable ne sont pas concevables sans le sursaut autorisé par les premières.

 

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22 octobre 2016 6 22 /10 /octobre /2016 09:26

 

Les Echos du 20 octobre soulignent le cri d’alarme du Trésor américain qui s’insurge contre les pays qui - bien au-delà des infractions classiques au sacro-saint libre échange -  ne respectent pas le jeu en manipulant leur monnaie. Dans la liste publiée par ledit Trésor on notera la présence de l’Allemagne dont l’adhésion à la zone euro lui permet de jouir d’un taux de change inférieur de 15% à ce qu’il serait si ce pays avait conservé le mark. Bien évidemment, ce taux n’étonnera aucun économiste sérieux et chacun sait que le gigantesque excédent allemand s’affaisserait  si les exportations étaient assorties de prix plus élevés, résultants eux-mêmes d’un taux de change plus élevé.

Le Trésor américain, dans le document qu’il vient de publier n’affiche  – en dehors de celle du libre-échange - aucune doctrine ni aucune  règle quelconque en matière de commerce international.  Pour autant, les critères qu'il fixe pour dénoncer les fraudeurs, permettent de découvrir la règle cachée. Trois critères de reconnaissance des « coupables » sont mis  en avant :   importance du surplus commercial sur les USA, importance du surplus des paiements extérieurs du pays incriminé, importance de l’achat de devises étrangères pour affaiblir la monnaie. Ces trois critères permettent de trouver la solution d’une « devinette » facile : le Trésor US considère que les échanges entre nations doivent être équilibrés et que c’est cet équilibre qui doit assurer le positionnement des taux de change. Pour autant, bien évidemment, le Trésor américain ne nous renvoie pas à Keynes ni à la Conférence de La Havane : il ne fait que mettre en avant les intérêts des USA.

On sait que le gouvernement américain n’a jamais accepté l’idée d’un tel équilibre qui mécaniquement aurait placé le dollar dans le droit commun des monnaies. On sait aussi qu’il va, avec la fin du système de Bretton-Woods en 1971, rapidement accepter l’idée de la fin des taux de change fixes, idée consacrée à la Conférence de la Jamaïque en 1978. A partir de là, le processus de privatisation des monnaies s’enclenche rapidement : la monnaie devient une marchandise comme les autres marchandises et, une dizaine d’années plus tard, ce processus sera scellé par l’indépendance de la plupart des banques centrales du monde.

Les habitudes sont aujourd’hui prises et pour un pays, fixer le « coefficient » qui tenterait d’établir le mode d’insertion que ce pays souhaite construire au sein de la communauté internationale, c’est-à-dire un taux de change, devient un acte délictueux. Qui ose encore parler de souveraineté ?

Le monde est ainsi complètement renversé : un bien public, la monnaie, est l’objet de toutes les enchères et son accès, approximativement sécurisé par la multitude des contrats et produits dérivés, est payé au prix fort par les entreprises de l’économie réelle, et ce au bénéfice de l’économie spéculative. Qui est le délinquant ?

Les entreprises de l’économie réelle déjà malmenées par des prélèvements fisco-sociaux importants doivent dans le cadre de leurs activités, notamment internationales, payer le service monétaire que l’Etat a cédé à des spéculateurs. Le service, de coût proche de zéro, était aussi presque gratuit . Il est maintenant l'objet d'un péage accaparé par des spéculateurs. Comme quoi, la mondialisation est aussi le retour du féodalisme et de ses seigneuries. Voilà un sujet central pour les débats politiques de l’élection présidentielle. Réformer c’est comme balayer un escalier : il ne faut jamais commencer par le bas.

 

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20 octobre 2016 4 20 /10 /octobre /2016 14:40
l'Euro est -il mort? (version 2)

L'Editeur corrige la page de garde en faisant figurer l'ensemble des auteurs. On trouvera donc en librairie 2 versions.....Une seconde édition interviendra prochainement.

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20 octobre 2016 4 20 /10 /octobre /2016 13:03
L'euro est-il mort?

L'euro est-il mort ? c'est le titre de l'ouvrage que nous publions aujourd'hui. Rédigé avec quelques collègues européens qui se rencontrent souvent pour enrichir le débat sur ce qui est devenu le drame de l'Europe et peut-être du monde, il aborde les questions essentielles de la désindustrialisation, de la divergence croissante entre les pays de la zone, de l'impossible réforme de la monnaie unique, et de ses conséquences catastrophiques sur une démocratie désormais largement disparue.

En finir avec l'euro, c'est la possibilité de soustraire les monnaies à l'empire mondial de la finance. C'est aussi le possible rétablissement des souverainetés disparues avec la fin de la privatisation des monnaies. C'est enfin le possible cheminement vers une forme moderne de l'Etat-Nation....avec l'espoir d'un renouveau démocratique.

Bonne lecture à toutes et à tous!

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19 octobre 2016 3 19 /10 /octobre /2016 14:29

 

Pour comprendre le rapport de forces qui se noue dans la problématique du démantèlement de l’euro, il est important de voir quels acteurs furent gagnants et quels autres furent les grands perdants au moment de sa naissance. Cependant la réflexion doit aussi tourner autour de la mondialisation puisque l’UE est de fait devenue le modèle réduit et l’acteur le plus actif dans la globalisation néolibérale.

La fin de l’interventionnisme sérieux

En supprimant toute possibilité de modification du taux de change, il était évident que le politique allait faire le choix du renoncement à toute forme d’interventionnisme sérieux. La fin de toute définition d’un cours, signifiait mécaniquement la totale libre circulation des capitaux et la fin de tout lien hiérarchique entre Trésor et Banques centrales. Donc la fin des politiques monétaires.

Tout aussi mécaniquement la fin de tout lien entre Trésor et Banques centrales signifie aussi ce que nous avons appelé le « mode marchand »[1] de la dette publique avec ses conséquences sur la politique budgétaire. Tout aussi mécaniquement la libre circulation impose aussi la fin de politiques fiscales et sociales réellement autonomes. En clair, c’est toute la politique macroéconomique qui très largement disparait.

L’économie réelle redéployée

En contrepartie le champ de la micro-économie se redéploye en épousant les nouvelles libertés issues du nouveau cadre.

La disparition du risque de taux diminue les coûts de transaction ce qui permet aux entreprises de choisir librement et en totale sécurité les lieux de production, la taille des unités correspondantes et les espaces de distribution. Mieux, la disparition des taux de change met en concurrence les prélèvements publics obligatoires et les règles sociales. D’une certaine façon la monnaie unique crée 2 mouvements qui se contredisent : homogénéisation d’une part et hétérogénéisation d’autre part. L’espace de circulation des capitaux, des marchandises et des personnes, est soumis à la règle commune et se déploie sur un territoire plus vaste. En retour, l’espace de la production reste soumis aux conditions particulières de ce qui reste des vieux Etats-nations. A ce titre, il se reconfigure, se concentre ou s’évapore, selon les lieux, entrainant l’approfondissement des divergences.

 Pour être plus concret prenons l’exemple de 2 appartements contigus dans un même immeuble. Abattre la cloison les séparant permet de mieux circuler, de recevoir davantage, etc. mais ne change pas la réalité des lieux, sauf à reconfigurer le plan de chacun d’entre eux pour arriver à un ensemble unique. Dans les faits, si aucune reconfiguration n’intervient, nous irons vers davantage d’hétérogénéité avec probablement une cuisine sous utilisée dans l’un des deux appartements, une spécialisation bureau dans l’un, un espace à vivre dans l’autre, etc. Cet exemple nous suggère les conséquences liées à la suppression des frontières dans l’UE et de ses effets en matière économique.

Reconfiguration matérielle de l’entreprise

Parce que la circulation bénéficie désormais de coûts plus faibles (transactions, transports, règlementation, normes, etc.) les économies d’échelles peuvent se déployer. Plutôt que de disposer d’une usine dans plusieurs pays, il devient avantageux d’envisager une usine géante dans un seul pays. La production peut ainsi s’agglomérer dans des lieux où la somme des différents coûts est plus faible. Comme la production est nécessairement hétérogène ( degré de technicité, type de consommations intermédiaires, qualification du travail, etc.) et qu’elle se déploie dans des espaces eux-mêmes hétérogènes ( législation du travail, qualité des services publics, fiscalité, etc .) on comprend que l’entreprise dans ce qui était le vieil Etat-nation se disperse sur un vaste territoire avec des zones consacrées à la recherche développement, des zones consacrées à l’élaboration des composants, voire des composants de composants, et des zones d’assemblages d’un produit final qui lui-même sera destiné à être exporté en partie voire en totalité.

Reconfiguration managériale de l’entreprise.

Mieux ce grand déménagement ou ce nomadisme ou même ce démembrement sera facilité par la financiarisation qui, mécaniquement, accompagne la monnaie unique. Les économies d’échelle renforcent les besoins de capitaux et facilitent évidemment le passage d’un capitalisme familial à un capitalisme actionnarial. Mais la libéralisation financière permet, elle, la dénationalisation de l’actionnariat et le renforcement du passage à la « corporate governance » et à la « shareholder-value ». D’où des dirigeants de plus en plus « hors sol » car situés dans la mondialisation. Le « démembrement » correspond aussi du point de vue des salariés à un effacement du sentiment d’appartenance à ce qui était « l’institution entreprise », une institution en voie de dévalorisation. Et une dévalorisation qui se mesure aussi en termes d’actionnariat : complètement hors-sol, il est aussi fugace et irrepérable que des particules cosmiques. Comment voir un patron responsable dans le propriètaire d’une action qui passe de main en main en moyenne toutes les 21 secondes, et comment ne pas voir en lui un simple spéculateur ? Comment dans ces conditions accorder une réelle confiance au manageur ?

Bien sûr la monnaie unique a permis une augmentation des échanges entre pays de la zone, mais ce qui importe de noter c’est qu’elle a permis d’allonger de façon importante les chaines de la valeur. Dans le même geste elle permet aussi d’enkyster des productions spécifiques sur des zones spécialisées constituant ainsi des écosystèmes reliés entre eux.

 Démantèlement de la zone euro et désenkystement des nations

C’est cette idée de productions spécifiques formant écosystème qui permet de mieux comprendre pourquoi aujourd’hui les élasticités-prix, notamment celles liées à l’importation sont devenues si faibles[2]. Elles se sont de fait affaiblies avec la construction des écosystèmes nouveaux. La fin de la monnaie unique est ainsi le début d’une reconfiguration considérable des chaines de la valeur, une reconfiguration qui ne pourra pas s’effectuer en l’absence des Etats.

Quand - à propos du démantèlement de la monnaie unique- se trouve évoqué – et nous savons que c’est à tort[3] - la grande question des dettes, le débat laisse de côté un fait important, à savoir le redéploiement de l’ensemble du secteur exposé, lequel est constitué de toutes les entreprises françaises produisant des biens et services nomades en France ou à l’étranger, ou étrangères produisant en France.

L’ensemble du territoire devient compétitif en raison de l’ajustement monétaire. D’abord compétitif du point de vue de la production avec  les entreprises exportatrices ou non, nationales ou étrangères, produisant sur le territoire. Mais aussi compétitif du point de vue capitalistique puisque désormais l’implantation sur le territoire national par rachat ou investissement direct devient moins coûteux pour les non-résidents. En contrepartie, les capitaux investis par les non-résidents reçoivent une incitation à leur enracinement, laquelle se trouve augmentée d’une attractivité nouvelle pour le territoire  national.

Symétriquement les territoires étrangers deviennent moins compétitifs, avec une incitation au rapatriement des capitaux nationaux investis, soit au titre de la production de composants exportés vers la France, soit au titre de l’exportation de produits finis vers la France. Mais aussi, corrélativement, avec une incitation au renoncement à des délocalisations que la monnaie unique avait rendu facile.

Ainsi la fin de la monnaie unique est une forte incitation au raccourcissement des chaines de la valeur et donc une incitation au remembrement des entreprises. Avec des conséquences en termes d’identité et de management dont l’aspect hors-sol se trouve ou se trouvera contesté.

Mais le travail de reconfiguration est nécessairement inscrit dans une durée qui dépasse le court terme. Il s’agit de revenir sur un démembrement très matériel lequel suppose de réunir des hommes et des capitaux, de reconfigurer des outils de production, aussi bien dans l’industrie que dans l’agriculture, de revoir des circuits de distribution, etc. Tout un ensemble de travaux, protégés d’une certaine façon, par les élasticités- prix encore proches de zéro et que le remembrement entrainera à la hausse.

Brexit  et désenkystement britannique.

De ce point de vue, le Brexit et ses conséquences constitue une première expérimentation de ce qui devrait se matérialiser avec le démantèlement de l’euro. Certes, la Grande Bretagne n’était pas dans la zone mais y participait largement avec un taux de change aux variations limitées. Le Brexit s’est surtout matérialisé par une chute de près de 20% du taux de change. Avec une élasticité-prix des importations proche de zéro, la conséquence est directement une hausse des prix et une baisse du pouvoir d’achat : il n’existe pas de substituts aux importations. Comme l’élasticité – prix aux exportations est très largement le reflet de celles liées aux importations de tous les partenaires (Toutes choses égales par ailleurs, les flux d’exportations britanniques dépendent des exigences d’importations des partenaires enkystés dans des spécialités productives) la grande Bretagne ne peut compter sur une hausse considérable de ses exportations.

La hausse importante des importations en valeur n’est pas compensée par celle des exportations et donc le taux de croissance ne peut que faiblir. D’où les discours paniqués sur l’irrationalité du brexit. Dès lors, la seule possibilité, dans un contexte de mise en cause de l’industrie financière, est l’émergence d’une politique de réindustrialisation avec en ligne de mire des productions substitutives d’importations.

Le présent gouvernement semble s’y attacher. Si tel est le cas la nation Britannique renaîtra.

 

 

 

 

 

 

[1]  Jean Claude Werrebrouck : Banques centrales , Indépendance ou soumission ? Un formidable enjeu de société ; Yves Michel ; 2013.

[2] Elles sont  très proches de zéro dans l’ensemble de la zone et proches de zéro pour l’ensemble des pays baignant dans la mondialisation. Elle est strictement égale à zéro pour la France.

[3] Cf notre livree collectif : L’euro est-ll mort ?; Editions du Rocher ; octobre 2016.

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27 septembre 2016 2 27 /09 /septembre /2016 14:11

 

Les programmes des candidats classiques à l’élection présidentielle placent en « tête de gondole » la baisse de la pression fiscale. Ils ont sans doute raison puisque le produit politique qui en résulte est électoralement plus attractif que la réduction du déficit budgétaire ou la baisse de la dépense publique. La course au moins-disant fiscal est ainsi l’effet du fonctionnement normal de la concurrence sur les marchés politiques.

Les modèles économétriques qui devraient sous-tendre et justifier les propositions correspondantes brillent par leur discrétion et il est vrai que le raisonnement économique est absent des programmes proposés.

Tentons de briser cette carence et envisageons de façon précise et argumentée les effets d’une forte diminution de la pression fiscale dans la France d’aujourd’hui.

 

LE CARACTERE IRRATIONNEL DES PROPOSITIONS DE DIMINUTION DES PRELEVEMENTS PUBLICS OBLIGATOIRES.

 

La diminution des prélèvements fiscaux peut se porter soit sur les ménages, soit sur les entreprises.

 1 -  Diminution du prélèvement sur les ménages.

Dans le cas des ménages[1] il en résulte mécaniquement une hausse des revenus avec interrogation sur leur répartition entre consommation additionnelle et épargne additionnelle. La consommation additionnelle peut entrainer une relance freinée par la propension marginale à importer. C’est effectivement le cas puisque, selon Natixis, 1 euro de hausse de demande intérieure génère 70 centimes d’importations supplémentaires[2]. Quant à l’épargne supplémentaire, elle reste largement accumulée[3] et ne génère aucune demande supplémentaire sous la forme d’investissements. La baisse de la fiscalité profite en retour aux pays fournisseurs de la France.

Effets très faibles mais prix très élevé puisqu’une telle baisse correspond mécaniquement à un déficit public accru d’un même montant. Sans doute pourrait-on financer la baisse de la pression fiscale par une diminution de la dépense publique pour un même montant, mais cela aurait pour effet de diminuer la demande globale et donc les débouchés pour d’éventuels investissements additionnels.

Le résultat est donc globalement négatif : choisir la baisse de la pression fiscale sur les ménages est avantageux car populaire sur le marché politique et désastreuse pour un pays qui n’a cessé de se désindustrialiser.

2 -  Diminution du prélèvement sur les entreprises.

Une première façon d’affaisser les prélèvements est de continuer à diminuer les charges sociales sur les bas salaires. Sachant que ces charges déjà rabotées par les dispositifs « Fillon » et « CICE » ne représentent plus que 7,3% au niveau du SMIG, il y a peu à gagner en terme de marge, le prix à payer étant, là aussi, la hausse du déficit ou la baisse de la dépense publique. Dans cette dernière hypothèse la hausse de marge ne se transforme pas aisément en investissements puisque les débouchés se raréfient du même montant. Certes, la marge nouvelle pourrait-elle être utilisée à des investissements de productivité renforçant la compétitivité. Toutefois, la mesure proposée favorise plutôt les productions bas de gamme et n’est pas une incitation à la robotisation : le coût relatif du travail par rapport au capital diminue et n’incite pas à la réallocation des facteurs vers une utilisation plus massive de capital.

Une telle mesure n’est donc pas souhaitable du point de vue de l’intérêt du pays.

Une façon plus intelligente de baisser les prélèvements est de les cibler sur les emplois plus productifs des activités exposées à la concurrence internationale. Il existe là une opportunité en raison de la relative bonne élasticité-prix des exportations françaises.[4] A déficit public inchangé il y aurait donc à comparer la hausse de la demande internationale et la baisse de la dépense publique. Le calcul révèle pourtant que l’élasticité est insuffisante pour obtenir un accroissement net de la demande. Et une élasticité beaucoup plus élevée ne serait rencontrée que si la France était beaucoup mieux placée dans l’échelle de la compétitivité coût …. Soit celle de l’Europe du sud. Clairement, il faudrait une diminution radicale du coût du travail….Notons, ce qui n’arrange pas les choses, qu’une baisse des prélèvements sur les salaires pourrait aussi bien se matérialiser par une hausse des salaires nets[5] et donc une hausse des revenus avec les effets négatifs déjà exposés.

Une dernière façon d’envisager la baisse de la pression sur les entreprises est de diminuer l’ensemble des autres impôts. Dans ce dernier cas de figure, il y a bien augmentation de la rentabilité des entreprises….payée par un déficit accru ou une dépense publique plus faible. La question est donc de savoir si la rentabilité accrue sera à l’origine d’un investissement plus élevé avec effets multiplicateurs sur la demande globale.

En théorie, il s’agit d’une solution efficiente si la hausse de la rentabilité ne se trouve pas minée par de nouvelles exigences salariales ou actionnariales. Mais un autre facteur vient limiter drastiquement l’efficience de la baisse de la pression fiscale sur les entreprises : le comportement des pays qui peuvent jouer sur le taux de change d’une part, et celui des pays dont les modèles sociaux parce que plus fragiles sont socialement plus facilement démontables que celui de la France. Natixis nous rappelle ainsi que les efforts de compétitivité de la France ont en très peu de temps été largement effacés par la baisse de la livre sterling et l’effort de compétitivité coût de l’Espagne[6].

Vers un effondrement civilisationnel ?

Plutôt que de regarder le doigt, il vaut mieux regarder la lune et les candidats à l’élection présidentielle feraient bien de poser le vrai problème : les règles du jeu imposées par la monnaie unique développent une concurrence qui, privée de l’arme du taux de change, se reporte sur les seuls coûts. Bien évidemment ces règles sont éminemment favorables aux gagnants de la mondialisation qui au nom de la concurrence en veulent plus et exigent le démantèlement de tout ce qui fait la nation. Il faut en effet comprendre que la baisse des prélèvements publics (cotisations sociales diverses et impôts de toute nature) est devenue le grand moteur de la concurrence destructrice du vivre ensemble : il génère un double déséquilibre : économique et social aux conséquences politiques dramatiques.

Le déséquilibre économique est simple à comprendre puisque la baisse des coûts a pour contrepartie une baisse de la consommation globale non compensée par une élévation de la proprension à investir. Ce déséquilibre pourrait se colmater par une montée du déficit public….lequel est interdit et par les règles …et par le marché de la dette publique effrayé par une montée de spreads de taux. Ce même déséquilibre devient l’avantage compétitif de ceux qui veulent se sortir du naufrage collectif : L’Espagne rogne sa demande interne pour être compétitive et obliger la France à entrer dans la danse de la diminution de sa demande globale interne. La concurrence agonistique, ou à tout le moins non coopérative, aboutit ainsi à l’impossible réduction d’un chômage qu’on ne peut plus financer par un Etat social qui perd progressivement ses ressources. Si dans les premiers temps de la crise il était possible de financer les dépenses sociales croissantes par une dette croissante, cela n’est évidemment plus le cas aujourd’hui.

Les règles du jeu de l’euro et au-delà de la mondialisation sont de par leur fonctionnement propre, consommatrices de « moins-disance » de prélèvements et, conséquemment, destructrices des anciennes formes de l’Etat social. Jadis, dans le cadre des espaces nationaux, la concurrence était à l’inverse déployée dans un contexte de montée homogène des prélèvements publics obligatoires eux-mêmes assis sur les gains de productivité. Dans un cas, une concurrence organisatrice de la construction d’un Etat social, et dans l’autre cas une concurrence destructrice de ce même Etat. Jadis la montée des prélèvements publics obligatoires, certes contestée par les dirigeants d’entreprises, n’affectait pas les conditions de la concurrence, puisque les mêmes règles s’imposaient à tous. Désormais l’unicité de la monnaie met à nu des règles inégales dans le jeu économique. La solution devient ainsi spontanément une course à l’éradication progressive des prélèvements…un peu comme la foule qui, prise dans un incendie, se dirige vers une porte de sortie trop étroite dans un mouvement de panique aux conséquences catastrophiques.

Et ce catastrophisme est amplifié par l’apparition de raisonnements délirants : à la « surface des faits » il apparait que l’Etat n’a plus les moyens de jadis (« on ne peut plus payer et il faut abandonner l’assistanat », message répété en boucle…[7]) alors que réellement les règles européistes interdisent – de façon bien sûr involontaire- l’épanouissement d’une croissance possible, un marché de l’emploi plus dynamique et un recul du périmètre (ou du « marché ») de l’Etat social.

Le déséquilibre social est tout aussi simple à comprendre et n’est que la conséquence du déséquilibre économique. Ce déséquilibre correspond à de multiples réalités qui touchent plus particulièrement la société française[8] : développement vertigineux des inégalités de revenus et surtout de patrimoine[9], apparition des « winer-take-all », stagnation du niveau des salaires des classes moyennes, rendements décroissants des études et dévalorisation sociale des diplômes, insécurisation croissante des contrats de travail et des supports sociaux qui leur correspondent, mobilité descendante, déclassement résidentiel, fin de la croyance à l’idée de progrès, fin de l’enracinement dans les organisations politiques ou syndicales,  prise de conscience de la perte de contrôle des institutions démocratiques, communautarisation de la société, etc.

Mais la sortie de la toile d’araignée  des  « règles » est très difficile.

Il est probable que les différents candidats n’ignorent pas le caractère irrationnel de leurs programmes. Mais ils savent peut-être aussi que le rejet des règles européennes reste impopulaire et éminemment dangereux. Parce que l’Euro est un Talisman, et à ce titre objet de vénération, on ne peut s’en séparer. Parce que la mondialisation est l’épanouissement de la liberté, on ne saurait la museler. Le produit politique « fin de l’euro » ou « rupture avec la mondialisation » ne dispose pas encore d’un solide marché.

Au-delà, il est d’une certaine façon déjà trop tard et le retour à la maitrise du taux de change ne peut donner de résultats immédiats en raison de l’état de déliquescence du tissu économique. Nous avons souvent signalé que les élasticité-prix aussi bien à l’exportation qu’à l’importation étaient devenues trop faibles en raison d’un euro qui les rabote depuis maintenant plus de 10 ans[10]. Dévaluer avec une élasticité-prix à l’importation strictement égale à zéro n’entraine qu’une baisse de la demande globale, tandis que les exportations additionnelles attendues sont limitées par la hausse des prix des consommations intermédiaires importées. Reconstruire des élasticité-prix efficaces suppose une recomposition des chaines de la valeur, donc un moyen ou long terme incompatible avec le court termisme des marchés politiques.

Il en résulte un risque de « collapsologie »[11] qui ne se déduit pas nécessairement de la question écologique mais à l’inverse de choix macroéconomiques désastreux.

L’euro fut d’abord une libération allant dans le sens de la « mondialisation heureuse ». Il permettait de ne plus subir la contrainte des échanges extérieurs et des ajustements douloureux sur le marché des changes. Il permettait aussi des taux sages sur le marché de la dette publique. Il permettait également une croissance facile pour les moins avancés (Espagne, Grèce, etc.) Il permettait enfin à l’Allemagne non seulement de ne plus être victime des ajustements monétaires de ses voisins, mais surtout de profiter du déficit sans pleurs des cigales dont elle favorisait la naissance et l’épanouissement[12]. Cet outil générant le bonheur de tous, devait logiquement se transformer en objet de culte, ce que nous avons appelé « l’euro Talisman »[13].

Avec le temps, pour les cigales mécaniquement engendrées par le simple fonctionnement de la zone, y compris la France, l’inflation de dettes s’est nourrie tout aussi mécaniquement de la perte d’activités : parce que la compétitivité est lourdement handicapée par un taux de change irréaliste, et que l’importation est facile, des pans entiers de productions nationales disparaissent aves les emplois correspondants. En retour, la base productive plus étriquée réduit la masse des prélèvements publics et aggrave le flux de dettes.

D’année en année, l’écart entre les nouveaux besoins sociaux issus du démantèlement de l’outil de production et l’offre possible de services sociaux se creuse. Un écart qui deviendra abîme lorsque les politiques restrictives se mettront en place et qu’elles viendront rogner les investissements constructeurs de l’avenir. Petit à petit la spirale du déclassement se met en place et la soutenabilité générationnelle du modèle socio-économique n’est plus assurée. L’aveuglement politique débouche ainsi sur un monde socialement inacceptable. Le modèle socio-économique de l’ile de pâques générant le monde des « Moaï » pouvant ainsi être comparé à celui de la zone euro : Ici une aliénation politico/monétaire, là une aliénation politico/religieuse, deux variantes parmi d’autres susceptibles de produire les mêmes effets, c’est-à-dire un effondrement civilisationnel.

Les candidats à l’élection présidentielle de 2017 feraient bien de ne plus s’intéresser au sexe des anges.

 


[1] Cotisations sociales des ménages+ impôts directs des ménages + TVA. On pourrait aussi ajouter les hausses de revenus procurées par la suppression des cotisations sociales sur les services à la personne que l’on trouve dans certains programmes.

[2] Flash Economie du 19 septembre 2016- 936.

[3] Les baisses ciblées d’impôts telles celles frappant les revenus d’actifs risqués étant d’effet peu significatifs.

[4] 0,8 selon Natixis.

[5] Hypothèse qui s’est déjà historiquement matérialisée et qui n’est pas irrationnelle : la hausse du salaire net ne vient pas rogner les marges si la dite hausse se trouve financée par la baisse des charges. Mais on peut aussi penser que la baisse des prélèvements entraine une hausse des dividendes.

[6] Flash Economie du 16 septembre 2016- 939. Parce que partenaires importants de la France les comportements de la Grande Bretagne (baisse de 10 points de taux de change) et de l’Espagne (baisse considérable des coûts salariaux) ont annulé 50% de l’amélioration de la compétitivité-coût de la France. Sur le plan microéconomique il peut y avoir des exceptions et par exemple une entreprise comme Valeo dont les sites français exportent 72% de leur production, supporte  avec 17% des effectifs mondiaux 50% de ses charges sociales mondiales. Son Président, Jacques Aschenbroich, considère qu'il faut évidemment réduire ce poids pour perenniser la compétitivité de l'entreprise. Ce même président pourrait se rendre compte qu'un  changement de parité monétaire permettrait sans réelle douleur d'assurer la compétitivité de l'entreprise, voire de relocaliser des sites sur le territoire français.

[7] Ce qui est visible est l’assistanat, ce qui est invisible est la réalité : un choix de règles dont le fonctionnement concret déclasse puis marginalise d’abord les individus les plus fragiles, puis d’autres pourtant mieux armés. Parce que le processus est l’inverse de ce qui s’était historiquement produit (trente glorieuses) il n’est pas socialement admis et, assistés et Etat social, deviennent des irresponsables et des coupables.

[8] On pourra ici se reporter à l’ouvrage de louis Chauvel : « la spirale du déclassement – Esai sur la société des illusions » Seuil – 2016.

[9] On parle aujourd’hui d’une repatrimonialisation que les 30 glorieuses avaient largement estompé.

[10] S’agissant de la France les modèles économétriques donnent les chiffres suivants ; O,8 pour l’élasticité-prix à l’exportation et zéro pour l’élasticité-prix à l’importation.

[11] Cf l’ouvrage de Pablo Servigne et Raphaël Stevens : « Comment tout peut s’effondrer. Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes »- Seuil- 2015.

[12] Comprenons en effet que ceux qui allaient entrer dans ce qu’on appelait « pays du club med » vont devenir victimes d’un taux de change immuable et surtout inapproprié, taux devant dévaster l’industrie manufacturière locale au profit d’importations massives financées par la délocalisation des banques du Nord et facilitées par la Grande Distribution elle-même déjà mondialisée. La Grèce restera de ce point de vue un cas d’école.

[13] http://www.lacrisedesannees2010.com/2016/08/l-euro-le-talisman-qui-a-bientot-fini-de-detruire-l-union-europeenne.html

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