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13 février 2023 1 13 /02 /février /2023 10:40

Le quotidien Les Echos publie ce 10 février son palmarès 2023 des 500 entreprises françaises championnes de la croissance. Beau résultat il est vrai puisque cette dernière se déploie entre 380% en moyenne pour la première et 16% en moyenne pour la dernière  entre 2018 et 2022. Hélas quand on observe dans le détail on constate que moins de 10% de ces entreprises concerne l'industrie. C'est dire que la désindustrialisation massive de la France continue. Nous continuons portant à consommer de grandes quantités de produits industriels...Y compris français....mais de plus en plus fabriqués ailleurs. Ainsi nous achetons encore beaucoup de voitures fabriquées par Renault, mais ces voitures sont fabriquées à l'étranger. Pour bien saisir l'ampleur du problème nous publions ci-dessous une texte paru chez ELUCID et rédigé par Alexandra Buste et Xavier Lalbin.

Bonne lecture.

Trente ans que le rideau est tombé sur l’île Seguin avec la fermeture de la mythique usine Renault de Billancourt, figure de proue de la lutte ouvrière. C’était en 1992 et ce big bang industriel et sociétal a coïncidé avec l’ouverture du Parc Disney de Marne La Vallée, le symbole de la désindustrialisation et du développement du secteur tertiaire dans l’hexagone selon Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’IFOP.

La marque au losange est devenue emblématique de la désindustrialisation et de son corollaire, la délocalisation : avec 85 % de réduction d’effectifs en France depuis 40 ans, elle fait la course en tête face au 50 % de perte d’emplois dans le secteur de l’industrie… le tout sous le regard bienveillant de son actionnaire l’État français.

Avec, en parallèle, une multiplication par 5 des effectifs dans des pays à bas coûts pour produire, entre autres, 6 de ses best-sellers en France. Et ce constat édifiant : avec deux constructeurs automobiles majeurs sur son sol, la France est, depuis 2007, importatrice nette de véhicules…

La comparaison avec l’Allemagne ajoute à la cruauté de la situation : effectifs multipliés par deux chez Volkswagen depuis 1980, coûts salariaux supérieurs ou égaux à ceux des constructeurs français et… la deuxième marche du podium en termes de vente de véhicules et chiffre d’affaires.

Seul bémol amer dû à la récente crise énergétique que traverse l’Europe, avec la fonte comme neige au soleil de son secteur manufacturier, gros consommateur d’énergie, la France a beaucoup moins à perdre sur ce plan que l’Allemagne…

Désindustrialisation : l’emploi en souffrance

Telle une litanie morbide, l’annonce des fermetures d’usines s’égrène au fil des années. Elles reviennent inlassablement en titre des journaux avant de disparaître à nouveau dans les ténèbres médiatiques.

On se souvient de celle de Bridgestone qui avait fait grand bruit en 2021, au point d’arracher un vaillant « Révoltant ! » au ministre Bruno Le Maire… légèrement insuffisant pour empêcher la suppression de 860 postes. Elle s’était accompagnée, cette année-là, de 23 fermetures supplémentaires selon l’Usine Nouvelle. Selon l’Insee, depuis le pic de 1974, ce sont plus de 2,5 millions d’emplois industriels qui ont disparu, soit plus de 3,5 millions d’équivalents temps plein.

Au total, plus de la moitié de l’emploi dans l’industrie a disparu en 45 ans, au rythme quasi ininterrompu d’environ 80 000 postes supprimés par an. La part des emplois industriels dans l’emploi total est ainsi passée de près d’un quart à tout juste 10 % de nos jours.

Et le constructeur au losange n’est pas en reste dans cette Bérézina : Renault a réduit ses effectifs de près de 85 % depuis 40 ans dans ses usines en France, bien plus que la moyenne du secteur industriel et indiquant ainsi une véritable volonté stratégique.

La fin des années 1970 marque le point d’inflexion de la hausse des emplois industriels débutée dans les années 1940. De 1940 à 1976, les effectifs des usines françaises de Renault sont multipliés par cinq.

La chute est ensuite vertigineuse ! Dans le même temps, les usines Renault à l’étranger embauchent à tour de bras, multipliant par cinq les effectifs pour atteindre un peu moins de 50 000 salariés en 2021, après un pic à près de 60 000 en 2017.

Malgré sa privatisation menée depuis les années 90, l’état détient encore une participation de 15 %. Difficile dans ce cas pour les politiques qui se sont succédé de plaider leur ignorance de la stratégie de délocalisation du groupe.

La délocalisation massive ou la ruée vers toujours plus de profit

Renault, Peugeot et Citroën disposent de nombreuses usines en France… et bien plus à l'étranger : Chine, Corée, Espagne, Turquie, Maroc, Russie, Roumanie, Slovénie, etc.

La désindustrialisation et son corollaire la délocalisation, prennent parfois racine dans l’effondrement de la demande locale ou un besoin de se rapprocher d’un nouveau marché… ce n’est pas le cas ici. C’est la recherche de main-d’œuvre à bas coût qui en est le principal moteur. Le bilan du top des ventes de voitures en France en 2019 est éloquent :

- Seuls huit modèles sont produits en France dont un seul pour Renault, la Clio IV.

- Les trois têtes de liste sont produites en majorité hors de l’hexagone, comme la Turquie et la Slovénie pour la Clio (pour moitié), la Slovaquie pour la Peugeot 208 (au deux tiers) et le Citroën C3.

Et Renault a parfaitement mis en œuvre sa stratégie de maximisation des profits en délocalisant la main-d’œuvre dans les pays à bas coûts. En 2019, pour ses modèles les plus vendus en France, au moins 80 % des ventes sont des véhicules produits hors de l’hexagone.

Au niveau mondial, la production des modèles stars de Renault représente 1,8 million de véhicules en 2019. Plus d’un quart de ces véhicules sont vendus en France.

Pour autant, la production française de Renault ne s’élève qu’à 10 % de sa production totale. Autrefois exportatrice nette de véhicules, la France est devenue importatrice nette avec en 2019, 420 000 véhicules Renault importés pour moins de 90 000 exemplaires exportés.

Un emploi délocalisé ce sont des emplois liés qui disparaissent et des dommages collatéraux

La perte d’emplois industriels directement liés à l’activité arrêtée n’est que la partie émergée de l’iceberg. Dans le sillage d’une fermeture d’usine, c’est la cohésion sociale qui vole en éclat et la destruction de quatre à cinq fois plus d’emplois liés (selon Bpifrance, un emploi industriel c’est 1,5 emploi indirect — intérim, sous-traitants, fournisseurs… –  et 3 emplois induits –  emplois nécessaires à la vie courante des salariés, logements, commerces, etc.).

La désindustrialisation c’est aussi l’accentuation du déficit du commerce extérieur de marchandises (- 100 milliards d’euros en 2021). À force de délocalisation, l’augmentation des importations de biens s’accompagne d’une baisse des parts de marché de la France dans les exportations.

Ainsi, dans l’automobile, depuis 2007, la France est importatrice nette de véhicules tout en ayant 2 constructeurs automobiles dans le top 6 mondial (Renault-Nissan et Stellantis). La conséquence évidente de la disparition de la production française de véhicules.

Et si les emplois industriels semblent avoir en partie muté en emplois tertiaires, ces derniers ne contribuent pas à la même hauteur au PIB. Cela se traduit dans le solde du commerce extérieur de biens et services qui, après une embellie de 1991 à 1997, est en baisse constante et reste déficitaire depuis 2006, piloté essentiellement par le déficit du commerce de biens (où les véhicules automobiles contribuent à hauteur de 21 milliards d’euros en 2021).

Pendant ce temps en Allemagne…

Se comparer à l’Allemagne est l’une des activités préférées de nos élites : la stratégie industrielle antagoniste de Volkswagen devrait leur donner matière à réfléchir.

Certes, les événements géopolitiques récents viennent mettre à mal une Europe industrielle addict à l’énergie bon marché. Et l’Allemagne, de ce point de vue, est en première ligne avec la chute brutale du solde de sa balance du commerce de marchandises. La conséquence d’une perte de compétitivité et d’un ralentissement du commerce mondial dont les répercussions en termes d’emplois industriels locaux se feront sentir dans les mois et années à venir.

Mais, jusqu’àlors, tandis que les délocalisations menaient bon train dans l’hexagone sous l’œil impuissant ou complaisant des politiques (l’État a maintenu, au plus bas, une participation lui assurant plus de 20 % des droits de vote), Volkswagen, aujourd’hui deuxième constructeur mondial en termes de vente de véhicules et chiffre d’affaires, négociait un autre virage. Comme l’écrivait Michel Freyssenet, chercheur au CNRS et cofondateur d’un réseau de recherche international sur l’automobile :

« Si les recommandations faites par le courant […] dominant de l’industrie automobile étaient pertinentes, VW devrait être aujourd’hui l’entreprise la plus externalisée, la plus délocalisée vers des pays à bas coûts et finalement le constructeur automobile avec les coûts de main-d’œuvre les plus bas. En réalité […] VW est le constructeur automobile européen qui est le moins externalisé, le moins délocalisé et qui a les coûts de main-d'œuvre les plus élevés, tant au niveau national que mondial. »

La signature d’un « compromis de gouvernement d’entreprise » avec le syndicat IG Metal et le Land de Basse-Saxe a obligé le constructeur à préserver emploi et salaires en Allemagne. Charge à Volkswagen d’inventer la stratégie qui allait avec, comme la diversification de la gamme à partir de plateformes communes pour réaliser des économies d’échelle.

Une charge salariale individuelle globalement égale ou supérieure à PSA et Renault depuis 1975 et moins d’externalisation en pays à bas coûts n’ont pas empêché l’allemand de se hisser sur la deuxième marche du podium en nombre de voitures vendues et chiffre d’affaires. Cette stratégie a permis de maintenir les emplois dans le pays puis de les démultiplier lors de la phase de forte croissance de l’entreprise.

Au final, en partant d’une situation comparable au début des années 1980, Volkswagen a multiplié par presque deux ses emplois en Allemagne, pendant que les Français Renault et PSA ont divisé respectivement par deux et trois le nombre d’emplois en France.

Le Made in France : une préoccupation grandissante chez les consommateurs

« Au moment d’acheter un produit ou un service, plus de la moitié des Français regardent le pays de fabrication et les trois quarts se déclarent prêts à payer plus cher pour acheter un produit fabriqué en France (IFOP, 2018) ».

Neuf Français sur dix l’ont bien compris, l’achat « Made in France » participe au maintien de l’emploi dans l’hexagone et préserve les savoir-faire. C’est même un gage de confiance pour plus de huit personnes interrogées sur dix.

Certains constructeurs automobiles (Toyota, Peugeot et Citroën) valorisent le sésame du made in France en brandissant le label « Origine France Garantie » - 50 % de la valeur des produits est générée sur notre sol. D’autres, comme Renault, où réduction des coûts et délocalisation sont centrales dans la stratégie industrielle, sont plus timorés et se placent sur le terrain historique pour argumenter : « française depuis plus de 115 ans, l'entreprise n'a pas le sentiment de devoir prouver sa nationalité ».

Certes, les labels ne sont pas une preuve de la nationalité d’une entreprise : née en France en 1898, jouissant d’un statut d’entreprise publique durant près de 40 ans… Renault dispose d'origines incontestables. En revanche, avec un seul de ses modèles fabriqué en France parmi les 8 les plus vendus et à peine 20 % de ses ventes fabriquées en France, c’est son ancrage local qui est questionné.

La crise Covid a révélé les carences de la start-up nation pour fournir masques, surblouses, respirateurs, médicaments, vaccins : notre parc industriel a fondu comme neige. De quoi inquiéter pour la gestion de la crise climatique et de la transition énergétique qui demandent de véritables compétences techniques et industrielles… En « traversant la rue pour trouver un job », les derniers de cordées risquent fort de trouver porte close… et même pas de porte du tout.

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6 février 2023 1 06 /02 /février /2023 10:43

EDF était naguère une entreprise intégrée allant de la production à la distribution et surtout disposant d’une situation de monopole. Durant de très nombreuses années ses dirigeants ont considéré que l’entreprise relevait d’un monopole naturel qui à ce titre fonctionnait à rendements continuellement croissants. Dans le cas considéré, l’entreprise constituée d’une multitude d’unités de production (hydraulique, nucléaire, charbon, fuel, gaz),  devait en principe couvrir  ses coûts (charges fixes + charges variables) par le jeu d’un tarif fixé par EDF et son actionnaire c’est -à-dire l’Etat.

EDF et ses couts marginaux

En pénétrant plus loin dans l’analyse ce qu’on appelle coût marginal, comme coût de l’unité supplémentaire produite peut être analysé au niveau de l’entreprise ou au niveau de chaque unité productrice d’électricité. L’habitude a été prise qu’on ne s’intéresse au coût marginal que pour exprimer le coût de la mise en service d’unités supplémentaires pour couvrir une hausse d’appel d’électrons par le marché. Dans la réalité gestionnaire cette pratique correspond aussi à une régulation de l’ensemble : EDF met en service d’abord les unités les plus efficientes et n’actionne les moins efficientes  qu’en respectant  une logique de coûts croissants. Ainsi à tout moment, et en dehors de la question de la tarification, EDF fonctionnait dans un rationalité économique parfaite : il n’était pas possible dans les conditions techniques, scientifiques et sociales du moment de faire mieux.

EDF et l’idée de rendements continuellement croissants

Le raisonnement allait plus loin encore en précisant que la production en continuelle augmentation permettait de bénéficier de rendements continuellement croissants. Bien sûr la croissance économique supposait la mise à disposition des usagers de quantités croissantes d’électricité, donc de plus en plus de centrales. Même en laissant de côté le progrès technique et en supposant inchangées les productivités des divers facteurs de production il est évident que l’infrastructure EDF allait bénéficier d’économies d’échelle. Clairement tout au long de l’aventure du monopole les charges fixes unitaires ne pouvaient en tendance longue que décroitre. Certes il pouvait y avoir  à tel ou tel moment une hausse des charges fixes, par exemple celles correspondant à l’élargissement du réseau de transport, mais ces charges nouvelles devaient s’évanouir dans la mesure où la circulation d’électrons se faisait plus grande. Il existait donc bien chez EDF une loi des rendement continuellement croissants justifiant l’idée de monopole naturel.

EDF et sa maitrise technique des rendements croissants

Toujours dans la pratique, EDF pouvait veiller à ce que son rendement reste maximal en évitant de mettre en réserve trop d’unités porteuses de charges fixes, donc en tentant de mettre en place des outils de lissage de la demande. Ainsi plutôt que de s’orienter vers des charges fixes unitaires plus lourdes, il sera préféré d’inviter l’usager à des effacements de demande pour lequel il sera rémunéré (heures creuses ou majorées, tarif de nuit, etc.). Le même souci entrainera l’ouverture du réseau et sa progressive interconnexion avec les réseaux étrangers.

EDF et sa maitrise politique des rendements croissants

Les ingénieurs économistes qui pilotaient EDF à l’époque du monopole connaissaient sans doute mieux les principes des rendements croissants que les actionnaires/fonctionnaires de l’Etat. A ce titre ces mêmes ingénieurs économistes se posaient presque souverainement la question du devenir de cette efficience maximale contenue dans le strict respect de la loi des rendements croissants. Plusieurs possibilités théoriques : la diffusion la plus large de l’efficience par le biais de prix continuellement toujours plus bas au bénéfice des usagers, la rétribution de l’actionnaire public lequel par voie fiscale ou réglementaire pourra rediffuser l’efficience, le maintien dans l’entreprise sous la forme d’investissements nouveaux continuellement croissants, enfin une combinaison de ses diverses possibilités. Si l’on compare l’évolution en longue période des prix de l’électricité entre les divers pays européens, on s’aperçoit que c’est plutôt le choix de la diffusion vers tous les usagers qui fut retenue : les électrons d’EDF deviennent  le  principe actif majeur de la compétitivité de l’économie française. Aux commandes de l’immense machine EDF, les ingénieurs économistes, aussi serviteurs de la Nation, vont en quelque sorte prendre le pouvoir sur l’actionnaire d’où le développement de l’idée d’un « Etat EDF ». Et un Etat qu’il faudra combattre de plus en plus avec la disparition progressive de ce que Bourdieu appelait de noblesse d’Etat et son remplacement par une noblesse managériale nouvelle, celle à cheval entre secteur privé et secteur public.

Une autre vision du monde implique la fin des rendements croissants

Tout va changer avec la naissance de la concurrence et la victoire de la noblesse managériale d’aujourd’hui. La concurrence introduit le principe d’émiettement de l’outil de production avec pour effet majeur la fin des rendements croissants.

                    -Ajustement complexifié de l’offre à la demande

Cette fin des rendements croissants commence avec le traitement difficile de l’ajustement offre/demande d’électrons. Cet ajustement instantané et infiniment précis était centralisé et s’opérait selon le principe d’autorité : toutes les unités de production obéissent strictement aux mouvements de la demande. L’entreprise dans sa diversité est unique et obéit à l’autorité qui centralise et commande l’ajustement. Le cout du non ajustement étant très élevé (variations de la fréquence avec accidents, délestages dramatiques et rupture des rendements croissants) le principe d’autorité -dans ce contexte de contrainte d’ajustement très élevé- est celui qui permet le mieux la coordination entre les  unités productives. Désormais, c’est -à-dire aujourd’hui, la coordination se passe par le marché et ses couts augmentent avec la nécessité d’introduire une bureaucratie réglementaire extérieure aux acteurs du marché. Inventer un marché et se mettre à jouer suppose la mise en place de règles afin d’anticiper et réguler une coordination d’acteurs qui ne sauraient avoir spontanément une vue d’ensemble.  D’où le CRE occupé par la nouvelle noblesse managériale et ses annexes.

                       -Les lourdeurs de l’intermittence

Mais la fin des rendements croissants repose aussi sur l’introduction d’unités de production dites intermittentes qu’il faudra épauler de diverses façons : doublement des unités de production d’électricité type éoliennes par des centrales classiques à actionner en cas d’absence de vent, principe de priorité de ces mêmes unités au détriment du classique en cas de vent important, subventionnement majeur de ces mêmes unités. Au-delà il faudra tenter de surplomber les lois simples et indépassables de la physique en tentant un stockage extraordinairement couteux : hydrogène, batteries et plus généralement les diverses stations de transfert d’énergie. Enfin la concurrence ne pourra naitre qu’avec la garantie de trouver auprès d’EDF des ressources sûres (ARENH).

La création artificielle d’un marché de l’électricité met ainsi fin au principe d’efficience maximale. Jadis les ingénieurs économistes d’EDF se servaient des prix pour valider une idée d’Etat providence : le monopole utilise le système des prix pour aboutir à un progrès que l’on vit encore comme aventure collective. Aujourd’hui les managers à cheval entre le public et le privé voient dans le marché artificiel et bureaucratisé l’exercice de la simple  liberté individuelle : l’Etat providence efficient laisse la place à la providence du marché. Avec souvent les rentes correspondantes, par essence privées, qu’au nom du respect du marché on ne saurait taxer. Désormais le prix ne peut que se fixer sur le cout marginal et les productions les plus rentables ne sauraient être taxées.  

Le  chemin à l’envers de l’industrie

Très curieusement au moins une partie du monde industriel semble parcourir le chemin inverse de celui d’EDF. Classiquement parce que le principe de coordination offre/demande est beaucoup plus aisé dans les marchandises classiques que dans le cas des électrons (le stockage, notamment y est possible) la concurrence s’avère techniquement facile et les divers acteurs s’y déploient sur un véritable marché autorégulé. Bien évidemment le principe d’efficience est toujours recherché, d’où une recherche continuelle de gains de productivité mais aussi la recherche d’effets d’échelle. La mondialisation fut sans doute un moment très important de recherche d’efficience avec spécialisation par pays et recherche d’avantages comparatifs notamment sur les couts de la mains d’œuvre. Parvenues à l’optimisation extrême dans un monde très concurrentiel, les entreprises industrielles sont de plus en plus à la recherche de nouveaux rendements croissants et de ce point de vue, sans le théoriser, elles aimeraient découvrir ce qui faisait le logiciel d’EDF : comment homogénéiser la production, la répartir entre toutes les unités disponibles jusqu’ici en concurrence et aboutir à des rendements fortement croissants ? Cela passe évidemment par une cartellisation masquée…un peu comme EDF n’était au fond qu’un cartel- il est vrai officiel- d’unités de production.

Cette cartellisation a commencé il y a bien longtemps avec les intrants techniques des diverses marchandises produites : les marchandises ne sont pas homogènes, notamment les marques comptent énormément, toutefois les composants et pièces élémentaires le sont davantage. Dans l’industrie automobile les choses iront très loin avec par exemple la construction d’unités de moteurs pour une diversité de marques. Aujourd’hui avec la numérisation et la flexibilisation des chaines il est possible d’aller beaucoup plus loin et garantir la baisse continue des charges fixes pour l’ensemble de la branche. Parce que les chaines ne sont plus spécialisées, qu’elles peuvent produire indifféremment et sans délais des voitures techniquement différentes et de marques différentes, on se retrouve dans la situation d’EDF monopoleur qui pouvait ajuster dans l’instantanéité l’ensemble de son parc. Les différentes entreprises restent en concurrence mais le poids de cette dernière est absorbée par un bloc productif de plus en plus solidaire, de fait de plus en plus monolithique, permettent de découvrir une loi des rendements croissants. Alors que la séparation technique des chaines entrainait des gaspillages de charges fixes notamment sous forme de productions inférieures aux capacités, désormais il est techniquement possible de faire disparaitre ce gaspillage et donc d’aller plus loin dans la course aux rendements. Reste évidemment à partager les charges fixes économisées, ce qui passe par une plateforme d’échanges. Allant plus loin le modèle d’EDF reste une référence et l’intégration complète justifie toute la réflexion actuelle sur la disparition des concessionnaires de l’industrie automobile. EDF fut obligée de se séparer de son véhicule de transport et de distribution mais l’industrie automobile cherche à découvrir et parcourir le chemin inverse….On pourrait bien sûr multiplier les exemples.

Bien évidemment cette tentative de cartellisation masquée se heurte aux dures réalités d’un monde en grande perturbation : chaines de la valeur brisées par les nouvelles constructions géopolitiques, barrières technologiques nouvelles, protectionnisme, fractionnement normatif, blocus divers, etc.

 

 

 

 

 

 

 

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1 février 2023 3 01 /02 /février /2023 07:45

Nous proposons ci-dessous la grande richesse d'un débat  chez Thinkerwieu entre  2 grands industriels: Louis Gallois et Olivier Lluansi..

Bonne écoute.

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26 janvier 2023 4 26 /01 /janvier /2023 18:01

Le présent papier n' a pas la forme d'un article prêt à être publié.. Il rappelle de façon concise (sorte de "pense bête") la réalité d'un problème aujourd'hui sur la table de la Commission européennes. Les lecteurs du présent blog comprendrons que le drame du prix de l'électricité chez les  boulangers ne peut disparaitre  en quelques jours. Le personnel politico administratif bruxellois engagé  dans le travail de puis décembre risque l'épuisement devant ce qui est un nœud gordien.

1 Quelques rappels théorique et pratiques pour fixer les enjeux

-Sur un marché de concurrence classique, un prix de marché correspondant à un coût marginal n’est pas une anomalie. Le prix de marché couvre ainsi les couts de la production la plus couteuse et néanmoins nécessaire pour satisfaire la demande. Il est peut-être choquant, mais il est normal qu’aujourd’hui – dans le cadre d’un régime de marché- le prix de l’électricité se fixe sur le coût des centrales à gaz (conséquence logique d’un totalitarisme de marché).

-Un interventionnisme fixant un prix maximal inférieur au coût marginal correspond à une diminution des quantités disponibles (les producteurs marginaux disparaissent et font place à la pénurie). Seul un monopole peut produire à perte en pratiquant un prix inférieur au coût marginal, perte compensée par les profits sur les unités de production infra-marginales. Ce fut le cas d’EDF pendant près d’un demi-siècle. Il est possible d’être rentable en évitant l’écueil des coûts marginaux. Cette stratégie garantit également l’approvisionnement du marché.

-Le slogan « il faut sortir du marché européen de l’électricité » masque une méconnaissance profonde des institutions, entités marchandes, entités financières, entités régulatrices…mais aussi des croyances et idéologies qui accompagnent cette réalité trop méconnue et à nulle autre pareille

-La crise de l’énergie n’est pas bien intégrée dans les modèles macro-économiques courants. La chute des disponibilités en gaz est très grave pour le « corps économique » Allemand. (Analyse Comparée  avec le corp humain et comparaison des effets attendus entre chute de poids musculaire et chute de poids cérébral).

-L’Allemagne fragilisée préfère le marché garantissant, à priori le mieux, le bon flux des quantités…le prix étant lui compensé par des subventions publiques, que les autres pays ne peuvent s’offrir et ce, dans un contexte d’assouplissement du régime des aides d’Etat par la Commission (aux titres de la guerre, du COVID, de la transition écologique). Donc, préférence du risque sur les prix plutôt que sur celui d’indisponibilité. Gouvernement allemand plus avisé que les modèles macro-économiques.

-L’Allemagne compte maîtriser sa crise énergétique en accroissant sa compétitivité coût sur les autres pays qui ne disposent pas des mêmes capacités budgétaires.

-En 2023, le maintien d’un marché de l’électricité sera défendu par L’Allemagne. La France, naguère grande exportatrice d’électricité, n’a pas les moyens politiques d’y renoncer et va accepter. Choix de la servitude volontaire.

 

2 Comment une telle situation a-t-elle pu émerger ?

Les principes ou le logiciel EDF (Marcel Boiteux)

-L’électricité est une substance non stockable et homogène (les électrons se distinguent des molécules)

-Conséquences : Intermittence difficilement acceptable et gérable (STEP), Gestion centralisée préférable, difficiles comparaisons entre coûts des énergies renouvelables et coûts des énergies non renouvelables (externalisation des coûts du renouvelable).

-Choix d’un monopole public totalement intégré. La fonction transport restera un monopole naturel à élargir (interconnexion à l’échelle européenne).

-L’économie n’est que de l’énergie transformée et donc grande attention à la productivité globale du système. Prise de conscience de possibles rendements continuellement croissants caractérisant le monopole naturel et sa supériorité sur tout autre modèle.

-Le choix de la logique d’une efficience maximale.

-Principe de résistance au regard des injonctions publiques de redistribution : d’abord l’efficience (problème EDF), ensuite la redistribution (problème Etat). Construction et résistance d’un « Etat EDF »

-Bureaucratie limitée par soumission complète des unités de production au respect de l’égalité instantanée entre énergie appelée et énergie produite. Coût du service public internalisé.

-Résultat : construction d’une infrastructure propre à la compétitivité industrielle de la France (tarifs de l’électricité très attractifs). Résultat qui doit beaucoup à Marcel Boiteux lequel a beaucoup travaillé sur le coût marginal en association avec Maurice Allais, Premier Prix Nobel d’Economie français.

-Faiblesse : Entreprise nationale d’une culture très étrangère à celle de la mondialisation ( comparaison avec ELF Aquitaine et  Compagnie Française des Pétroles). On ne peut facilement vouloir « éclairer le monde après avoir éclairé la France ». La situation de monopoleur est-elle une force autorisant un processus d’innovation et de créativité ?

La matérialisation historique de la grande casse.

-Arrêt brutal de la machine à produire des investissements lourds en série (fin des années 90). Dernière centrale au repos pour capacité excédentaire. Fin du plan Messmer et éloignement progressif des compétences de ce qui était d’abord une entreprise consacrée à l’investissement.

-Début d’une internationalisation sans maîtrise des codes de la mondialisation (début des années 2000) . Echecs et mauvaises affaires. 

-Fin du monopole public inscrit dans la loi. (Rencontre européenne de Barcelone du 13 mars 2002 où la fin du monopole public est décidée).

-Comment construire une concurrence face à l’entreprise la plus efficiente du monde ? Problème du couple Europe-Allemagne vis-à-vis de la France (grande coalition  contre le nucléaire français).

-Une monstruosité économique,  symbolique et juridique: Loi NOME et «saignement de la bête »  par le biais de l’ARENH. Victoire de Bercy sur « l’Etat EDF » Etat de droit ? Servitude volontaire des dirigeants d’EDF ?

-Part grandissante des énergies renouvelables, intermittentes, décentralisées et subventionnées. Externalisation des couts correspondants sur l’ex monopole : priorité oukazienne  de l’intermittence sur le continu.

-Naissance d’un prix volatile parmi des tarifs. Fluctuations et couverture de marché. Boursouflure financière exubérante. Production délaissée au profit de simples échanges.

-Modèle start-up d’une concurrence sans innovations, sans investissements, sans révolutions technologiques, mais avec captation de rentes spéculatives (trading). Sauvetage des dizaines de fournisseurs alternatifs? ( on maintien le marché car il est très difficile de faire autrement) ) ou sauvetage d’EDF ? ( Ce qui passe par une rupture radicale)

-Bureaucratie internalisée et externalisée de type « gosplan » (CRE= « béquilles » du faux marché ? ).

-Aucune évaluation de la nouvelle politique publique développée autour de la loi NOME.

 

Que conclure ? 

Un choix d'une extraordinaire difficulté: les exécutifs nationaux vont beaucoup intervenir ....et attendre de nombreux mois. Hélas le presse même spécialisée se contentera de décrire l'écume des discussions. Par contre la France devra se contenter in finé de modifications mineures et donc la probabilité du maintien d'un faux marché même arrangé est grande.  

 

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17 janvier 2023 2 17 /01 /janvier /2023 15:26

Ce sont évidemment les gros utilisateurs d’électricité qui vont être le plus lourdement impactés par un prix de marché qui s’aligne comme nous l’avons vu sur le cout marginal, et ici un cout relevant d’une dérive géopolitique incontrôlée. D’où la grande question concernant le renouvellement des contrats qui a beaucoup mobilisé les pouvoirs publics à propos des boulangers incapables de régler des factures d’électricité hors de portée de leurs modestes ressources.

Le cout marginal générateur du prix jugé inaccessible est très élevé mais surtout il concerne une part non négligeable de la quantité d’électricité produite dans le pays. La cause fut abordée dans les points 3, 4 et 5 des conclusions de la première partie du présent article. Le temps n’est plus où le monopole EDF disposait de très grandes capacités faisant que le cout marginal, le cas échéant élevé sur énergies fossiles, ne concernait que des plages très restreintes. Absence de marché et cout marginal contenu sur plages restreintes faisait que le prix de vente offert aux consommateurs pouvait oublier ce qui n’était qu’une anomalie brève : le prix pouvait rester stable et en congruence avec un cout unitaire moyen beaucoup plus faible. Une telle politique de prix assortie de mesures incitatives pour limiter les pics de demande, et donc l’émergence d’un cout marginal prohibitif, était la marque du monopole de l’époque, Et un monopole capable de couvrit l’ensemble de ses couts.

 L’argument selon lequel la France peut aujourd’hui ne pas s’aligner sur l’Allemagne est donc très discutable : l’ex monopoleur  s’est métamorphosé en une entité réduite que l’on saigne, et, aujourd’hui, le cout marginal est devenu à court et moyen terme incontrôlable.

Certes on peut être interventionniste et ne pas accepter le marché, mais il est très difficile pour la puissance publique de combler la totalité du surcout. Et bien évidemment cela relève des choix antérieurs vus dans les mêmes 3,4 et 5 points de nos conclusions : EDF est devenu un « Gulliver enchainé » amoindri dans ses capacités d’innovation et d’investissement, et les fournisseurs alternatifs ne sont que des entités, en mode start-up, captrices de rentes et très éloignées de l’investissement réel. Le poids de ces fournisseurs est devenu considérable dans la fourniture d’électricité puisque bénéficiant de la subvention EDF sous forme ARENH (quelque 25% de la production nucléaire totale) et de la subvention publique sous la forme d’aide à l’éolien ( un cumul de quelque 35 milliards d’euros). Sauf exceptions, telles Total Energie ou Engie, ces fournisseurs restent marginaux dans la production. Au mieux ils ne produisent qu’une partie (probablement moins de la moitié) des 17% des électrons produit par des éoliennes alors qu’ils brassent des quantités considérables d’électrons (somme de l’ARENH, de l’éolien maitrisé et des achats sur les marchés de détail et de gros).  Dans la situation géopolitique du printemps 2022, ces fournisseurs marginaux et parasites d’EDF seront victimes des contrats passés avec leurs clients à un moment où les prix de gros vont connaitre une fulgurante ascension. Concrètement ils ont proposé des prix adossés à l’ARENH en pensant s’approvisionner à partir de prix stables sur les marchés, tout en continuant à bénéficier de la subvention publique sur l’éolien. Au-delà, il est probable que tous n’ont pas cru devoir s’assurer par des produits de couvertures leur permettant de bénéficier d’une sécurité financière en cas de hausse. Ils ne peuvent donc aujourd’hui que proposer des contrats plus ou moins alignés sur les couts marginaux devenus astronomiques et ce sans profondeur financière sur les marchés de couverture.

Avant la présente crise ils pouvaient très largement concurrencer l’ancien monopoleur dont ils tiraient les électrons à prix subventionnés (ARENH), d’où l’augmentation de leur part de marché et la perte de clients chez EDF dans des proportions allant jusqu’à 100000 usagers chaque mois. C’était l’époque où les prix de l’électricité engendré par  des molécules était bas, et que l’on pouvait avec les perspectives de North stream 2 spéculer sur des marchés à terme baissiers. De quoi être bien meilleur qu’EDF. Tout change avec la guerre et dès le printemps 2022 les fragiles fournisseurs simples spéculateurs sont en danger. Au nombre de 43 fin 2021, l’hécatombe est rude et on ne sait plus très bien quelle est l’exacte situation aujourd’hui, puisque 12 ont suspendu les mises en circulation de nouveaux contrats, que 4 ont cessé toute activité en France, et que 2 éloignent dans le temps l’activation d’éventuels futurs contrats.

 

Le gouvernement français tente de se débattre au milieu d’intérêts et de croyances contradictoires. Il ne peut en particulier abandonner les très petites entreprises qui, telles les métiers de bouche, assurent encore le maillage des territoires. L’abandon serait politiquement dangereux. Il ne peut non plus accepter la quasi disparition des simples fournisseurs et laisser se redéployer une situation de quasi monopole pour EDF, l’ARENH disparaissant faute de preneurs de subventions ou se concentrant sur de vrais producteurs concurrents qu’EDF pourrait beaucoup légitimement dénoncer (Total Energie, Engie). D’où la décision d’un « entre-deux » avec la fixation d’un prix maximal de 280 euros l’unité pour l’ensemble de l’année 2023. Bien évidemment ce prix reste très élevé et supposera une intervention publique dont la réalité reste à explorer. En particulier le gouvernement français devra par le biais de son régulateur (CRE) faire le tri entre les fournisseurs. Il lui faudra aussi veiller au bon dégonflement de  la bulle financière développée par le fonctionnement d’un marché de l’électricité, question qui n’est guère abordée  dans les débats. Cette bulle largement engendrée par le modèle économique des fournisseurs aujourd’hui en très grande difficulté, a pu représenter jusqu’à 20 fois le volume des électrons physiques et se trouve logée dans de nombreux produits financiers. Elle se trouve aussi en dehors du périmètre des prérogatives du CRE, d’où le silence qui lui est associé.

Le gouvernement français veut une réforme du marché de l’électricité et semble prêt à entrer en conflit avec l’Allemagne qui ne veut en aucune façon abandonner l’idée de marché. Il se donne 6 mois pour y parvenir. Ce même gouvernement est hélas très mal armé. Très mal armé idéologiquement car très proche du néolibéralisme qui a entrainé le dépeçage d’EDF-GDF : le personnel politico-administratif responsable du dépeçage est toujours au pouvoir et continue probablement de croire au marché. Très mal armé matériellement car la France est bel et bien entrée en situation de dépendance énergétique : il faut être fort pour négocier. Affaire à suivre.

 

 

 

 

 

 

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12 janvier 2023 4 12 /01 /janvier /2023 08:43

Les débats sur le prix de l’électricité sont de plus en plus éloignés  de la simple raison. Nous proposons çi dessous quelques rappels simples et leurs conclusions.

Comprendre sérieusement la réalité du terrain

1 Il est possible dans un marché concurrentiel classique de ranger les entreprises selon leur efficience. Si l’entreprise la moins performante de la branche survit c’est tout simplement parce ses couts unitaires sont couverts par le prix de vente. Si tel n’était pas le cas elle arrêterait son activité.   Les autres, plus performantes, enregistrent un profit correspondant à la différence entre leurs couts et le prix de vente. La moins performante et qui néanmoins survit peut s’appeler entreprise marginale, et son cout de production peut lui aussi s’appeler marginal, un cout égal au prix de vente. Sur un marché classique où règne une réelle concurrence le prix de marché correspond donc au cout marginal, celui de l’entreprise la moins efficiente.

2 Ce qu’on appelle marché de l’électricité est typique de ce que l’on vient d’énoncer. Là aussi on peut classer ces entreprises en fonction de leur efficience. Simplement ces entreprises, qui fabriquent ici des électrons, dépendent beaucoup, dans leur rang de classement, de variations des prix et du cout de ce qu’elles utilisent pour la fabrication desdits électrons. Ainsi, en période de grand vent les éoliennes seront peut-être mieux classées que les centrales nucléaires ou au gaz. De la même façon, en période de risque géopolitique les centrales alimentées par du gaz ou du charbon en provenance d’un étranger non ami risquent de se trouver fort mal classées. Dans le premier cas- il est vrai fort théorique- si le marché n’à pas besoin des centrales nucléaires ou au gaz, le cout marginal devient le cout de l’éolien. Le cout marginal est très faible et donc le prix est lui-même très faible. Dans le second cas si le marché continue d’exprimer sa demande c’est le cout des centrales au gaz qui devient le cout marginal et donc un  prix de marché beaucoup plus élevé.

3 Ce qu’on appelle marché de l’électricité n’est toutefois pas exactement le même qu’un marché classique. Le produit- des électrons- est homogène ( les électrons produits par des éoliennes sont les mêmes que ceux produits par une centrale nucléaire), ce qui est rarement le cas sur les marchés classiques ( il existe des différences, par exemple des marques) où les entreprises tentent de se distinguer par des variations de qualité. Par contre ces entreprises fabriquent des objets stockables, ce qui n’est pas le cas de la marchandise électron qui elle ne peut que circuler à vitesse très élevée. Alors que sur le marché des voitures il peut exister une différence entre quantité demandée et quantité offerte, différence comblée par des stocks, la différence, à peine de rupture ou de pertes nettes, est impossible sur le marché des électrons.

4 Cette contrainte majeure entraine une organisation très complexe : l’ensemble de l’infrastructure électrique composée d’une myriade d’entreprises différentes et en concurrence doit pouvoir dans l’instantanéité produire/fournir autant d’électrons qu’il n’en est appelé par la multitude des utilisateurs. C’est dire qu’il faut un chef d’orchestre – celui qu’on appelle « Commission de Régulation de l’énergie » en France- qui lui-même se doit de veiller à la capacité et à la réactivité des musiciens. Concrètement il lui faut veiller à la capacité des fournisseurs, lesquels devront s’engager à fournir, par exemple en Europe, des « certificats de capacité » apportant la preuve qu’ils peuvent réagir dans l’instantanéité. Ce type de contrainte n’existe pas sur les marchés classiques et aucun chef d’orchestre, sauf en dehors de celui faisant respecter le droit classique n’est exigé.

5 Cette contrainte majeure se complexifie si le marché est dit « libre» et s’internationalise : il faudra d’autres chefs d’orchestres dans les pays voisins et un chef d’orchestre en chef permettant de veiller aux importations et exportations d’électrons dans un ensemble libre beaucoup plus large et interconnecté. Non seulement les orchestres nationaux se doivent de bien jouer mais au-delà, le bon jeu suppose le bon jeu partout ailleurs. Concrètement il est impensable que l’Allemagne ne puisse exporter le produit de ses centrales à gaz à la France si les utilisateurs français font appel à une demande plus élevée que les capacités françaises. Concrètement un marché de l’électricité doit se concevoir au niveau européen.

6 Cette contrainte majeurs se complexifie encore si à l’intérieur des orchestres existe des joueurs dont le manque de fiabilité est inscrit dans les gènes. C’est le cas des producteurs ou fournisseurs intermittents, ce qu’on appelle les énergies renouvelables. Comment bien jouer c’est-à-dire produire à chaque seconde autant d’électrons qu’il en est appelé s’il existe une panne chez certains, par exemple des éoliennes victimes d’un anticyclone ? A l’inverse comment bien jouer si de gros joueurs (centrales nucléaires) manquent de souplesse ? Il faut ainsi décider d’augmente le nombre de joueurs qui ne peuvent toutefois, économie de marché oblige, accepter d’investir que s’ils peuvent jouer. Il faut donc que le chef d’orchestre soit à la fois autoritaire et bienveillant : les éoliennes doivent être prioritaires quite à exiger des joueurs plus stables de restreindre leurs prétentions. Concrètement quand les éoliennes fonctionnent bien il faut demander à EDF de produire moins, et c’est EDF qui sera visé car c’est sur lui que le chef d’orchestre à le plus de poids. On conçoit alors des degrés nouveaux de complexité avec par exemple ce que l’on appelle les « contrats d’effacement », ou les « responsables d’équilibre ».

7 Dans cet univers de marché à nul autre pareil tout devient contrainte bureaucratique avec quelque chose comme un « gosplan soviétique ». Il existe pourtant au moins une rationalité de bon sens : parce que la marchandise électron est, à l’inverse des marchandises classiques, totalement homogène, il n’est pas nécessaire d’envisager un réseau de transport privé pour chaque centrale (chaque joueur). Nous aurons donc un monopole de transport et tous les électrons passeront par les mêmes canaux (RTE-ENEDIS en France). C’est bien sûr, parce que bien placé, que ce monopole de transport assurera nombre des contraintes bureaucratiques associées au marché de l’électricité.

Quelles conclusions tirer de cette très brève présentation ?

1 Si la demande d’électrictité augmente, ce qui est le cas en très longue période et si pour des raisons politiques on préfère une production d’électrons qui ne passe pas par une consommation de molécules (uranium, fuel, charbon, gaz) alors la tendance à une insuffisance de l’offre est forte. Concrètement la demande augmente plus rapidement que l’offre et le prix de marché aura tendance à augmenter. Si maintenant il n’y a pas, à court terme  de révolution technologique permettant de ruiner les joueurs marginaux dont les couts sont élevés, alors le prix de l’électricité dans un cadre de marché- il faut répéter cette précision- s’alignera sur le cout marginal qui n’est autre que celui des couts des centrales au gaz de l’Allemagne…

2 Cette première conclusion est pourtant étonnante car dans une économie de marché les offreurs sont en concurrence et se musclent pour répondre à une demande croissante. Dans le cas de la France, l’entreprise EDF était historiquement capable de répondre avec une extraordinaire souplesse à la demande en augmentation. Si tel ne fut pas le cas c’est bien évidemment en raison des décisions du chef d’orchestre et au-delà du personnel politico administratif du pays. Il fallait en effet briser ce qui était historiquement un monopole pour le confier à ce qui allait devenir un marché.

3 Le monopole EDF étant très efficient il ne pouvait que rester monopoleur dans le marché et donc se révéler incapable d’engendrer de la concurrence. Confier EDF au marché devait donc passer par sa saignée, ce qui fut réalisé par la loi NOME et la naissance de l’ARENH.

4 Ce que nous vivons aujourd’hui est donc le fruit de décisions antérieures, celles qui ont introduit l’idée d’un marché de l’électron qui pourrait ressembler- moyennant quelques rudes contraintes- aux marchés classiques. Mais aussi celles qui ont introduit une multitude d’acteurs complètement opportunistes : point n’est besoin d’être producteur pour entrer dans le marché d’un produit parfaitement homogène, donc un marché où il n’y a pas à se battre sur une marque. Par contre il suffit de bien respecter, voire influencer  les décisions du chef d’orchestre et profiter des subventions d’EDF par le biais de l’ARENH. De quoi obtenir des électrons qu’on ne connait pas. Même la grande distribution française pourra ainsi se lancer dans la fourniture d’électrons qu’elle ne connait pas et qu’elle ne voit pas.

5 On passera ainsi facilement de la production à la simple fourniture, puis au simple négoce sur des bourses très éloignées de la problématique réelle de l’électron : marché à terme, marché de la couverture (hedging), produits financiers complexes avec sous-jacent électricité et notionnels de grandes taille pour aboutir à une authentique gestion de portefeuille très éloigné du métier d’énergéticien. La grande tendance n’est pas celle de l’innovation technologique de rupture mais le simple échange de titres financiers. Petit à petit le marché devient irréel : parce que marchandise complètement homogène fournisseurs et utilisateurs ne discutent par autour de l’ électron invisible. Aucun fournisseur ne peut dire à son client qui a produit l’électron qui vient de lui être vendu. La traçabilité devenue si importante dans les marchés classiques n’a aucun sens sur ce qu’on appelle le marché de l’électricité. D’où les acrobaties juridiques et bureaucratiques sur « un 100% énergie verte » qui ne correspond pas à la réalité matérielle.

6 Parce que la grande presse voire les politiques et les économistes oublient d’en revenir aux fondements d’une approche simplement de bon sens, nous entendons des phrases creuses et fausses: « l’Allemagne nous impose son cout marginal », « Il faut revoir le fonctionnement du marché européen de l’électricité, ce qui exige de longs débats », « on peut rester dans le marché mais imposer un prix qui ne soit pas celui des centrales les plus couteuses », « on ne voit pas pourquoi il faut payer si cher l’électricité  alors que la France produit l’électricité la moins couteuse », etc.

C’est dans ce contexte de méconnaissance, d’ignorance, voire de malhonnêteté  intellectuelle que les débats consacrés à la renégociation des contrats au profit des petites entreprises se sont noués.

A suivre.

 

 

 

 

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7 janvier 2023 6 07 /01 /janvier /2023 09:16

Nous publions ci-dessous la vidéo consacrée à l'audition de Jean -Bernard Lévy, dernier président, qui a  quitté la direction d'EDF en novembre .dernier. Monsieur Lévy  répond avec franchise aux questions des parlementaires. Cette vidéo comme les précédentes publiées sur le blog permet de situer  les débats et décisions gouvernementales concernant le blocage des tarifs et les renégociations des contrats entre fournisseurs d'électricité et clients. Nous reviendrons bientôt sur ces contrats dont la grande presse se trouve incapable de nous en faire comprendre le contenu et ses déterminants. On peut regretter l'incompétence des politiques, majorité comme opposition,  qui se trouvent incapables d'expliquer sérieusement les choses. La connaissance des infrastructures énergétiques d'un pays est déjà complexe lorsque ces dernières se trouvent hors marché. Elle devient nœud gordien indéchiffrable lorsque ces dernières sont immergées dans la fiction d'un marché qui ne peut que rester artifice suspendu à  d'innombrables béquilles bureaucratiques. 

Bonne écoute.. 

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1 janvier 2023 7 01 /01 /janvier /2023 09:07

Depuis de nombreuses années les crises s’empilent et révèlent de plus en plus clairement l’extrême fragilité de l’édifice européen. A la crise des subprime vont ainsi succéder, une crise de l’euro, puis une crise sanitaire, puis aujourd’hui une crise énergétique. Au-delà de leur spécificité voire de leurs différences de nature existe un ingrédient commun : une émission monétaire incontrôlée, contrepartie d’une dette elle-même hors de contrôle. Cette émission est, au final, le fait d’une banque centrale dite indépendante et sa réalité matérielle se lit directement dans son bilan : à chaque crise, ce dernier grossit et finit par atteindre des proportions jusqu’ici jamais vues dans l’histoire. Naguère, la croissance économique, beaucoup plus puissante, s’accompagnait d’une sobriété de la croissance de la dette et de la monnaie. L’impression est aujourd’hui toute autre : une  croissance  très handicapée par des crises s’accompagne d’une avalanche  de dettes et de monnaie. Et une rencontre qui ne développe que l’inflation/spéculation sur les seuls actifs tant le prix des autres biens était jusqu’ici cadenassé par la mondialisation. Ce phénomène de sous production réelle et de surproduction de dette et de monnaie spéculative est assez largement planétaire mais il est beaucoup plus prégnant dans l’Union européenne. D’où l’idée de château de cartes en danger.

Sous production d’un côté et surproduction de l’autre semblent aujourd’hui faire l’objet d’une grande attention et se matérialisent -par exemple aux USA- par une politique monétaire restrictive : La FED augmente les taux et tente d’amaigrir son bilan comptable. La BCE aimerait faire de même mais se trouve hélas handicapée par l’existence de la monnaie unique et la gestion passée des diverses crises. La monnaie unique était déjà un lourd objet dans le  château de cartes : émission monétaire et dette devaient  se déployer à un rythme commun entre les divers pays à peine de voir le déchaînement d’une incontrôlable spéculation. Nous avons là la première grande crise européenne, celle de l’euro elle-même contre-coup de la crise américaine des supprime. Parce que des pays, notamment la Grèce ou l’Italie, semblent s’autonomiser par rapport à une règle commune, l’euro se trouve violemment attaqué. Sans le dire l’Allemagne aimait  ces « cigales du sud » qui permettait un flux croissant de ses exportations industrielles. Hélas, il faudra qu’au nom de la monnaie unique elle s’insurge contre ses propres clients si gourmands.

Ainsi le château de cartes sera renforcé par des règles de plus en plus contraignantes concernant les politiques budgétaires. On tente de contrôler les émissions de dettes et de monnaie, hélas en étant brutal vis-à-vis de la production. La croissance des cigales opportunistes est bloquée avec effets contreproductifs sur les fourmis. C’est ainsi que la croissance européenne deviendra, longtemps avant l’éclatement de la crise sanitaire, l’une des plus faibles de la planète.

La crise sanitaire va à nouveau fragiliser le château de cartes… avec pour solution son agrandissement.

Dès le printemps 2020, les autorités décident de brider gravement la production matérielle sans toucher à ses contreparties en termes de revenus. Nous avons là le « quoi qu’il en coûte » qui va aggraver sans limite la vieille tendance de la sous-production matérielle et de la surproduction de monnaie et de dette. Et cette fois, il n’est pas question de laisser la spéculation s’enclencher sur des spreads de taux entre les diverses dettes publiques de la zone euro. Désormais, la création monétaire sera massive, et presque sans le dire, la BCE sera plus généreuse avec les pays les plus cigales

. Au -delà on va inventer une dette publique commune avec des effets redistributifs. Les choses ne sont pourtant pas simples pour le château de cartes devenu plus grand : si la masse monétaire mondiale devient disproportionnée, et si une inflation généralisée s’invite dans le débat, comment lutter contre cette dernière ?

Quand on est américain, l’augmentation des taux à effets contre inflationnistes, touche l’ensemble des acteurs de façon relativement homogène. Quand on est européen l’augmentation des taux par une BCE scrupuleuse ne touche pas l’Allemagne comme elle touche l’Italie ou la France. La première peut supporter tandis que les derniers peuvent vite rencontrer l’effet « boule de neige » : comment budgéter des remboursements de dette publique subitement devenus colossaux en raison de taux d’intérêts devenus lourds ? La BCE qui se trouve au sommet du château de cartes ne peut se permettre de lutter sérieusement contre l’inflation à peine de disloquer un équilibre si fragile. D’où une augmentation bien plus modérée de ses taux directeurs que la pratique moins nuancée de sa consœur FED. D’où en conséquence un affaiblissement de l’euro, lui -même porteur de hausse de prix de toutes les importations en dollars.

Dans ce contexte, la crise énergétique peut devenir le croche-pied inamical pouvant entraîner l’effondrement du château…à moins d’accepter de tout reconstruire sur de toutes autres bases….

¨Parce que, contre toute logique, il  fut historiquement décidé que l’électricité devait faire l’objet d’un marché ; parce qu’à ce titre il fallait briser l’entreprise française d’électricité la plus importante et la plus  performante de la planète ; parce qu’il fallait créer de toute pièce des concurrents à EDF ; parce que ce marché devait déboucher sur un prix correspondant au coût marginal de l’électron, cout marginal possiblement exposé à une prime de risque sur les marchés à terme ; parce qu’à ce titre il fallait abandonner toute volonté d’indépendance et de souveraineté ; parce qu’il fallait satisfaire des lobbys misant sur des énergies non renouvelables, intermittentes, déstabilisatrices du réseau car prioritaires et gourmandes en fonds publics ; etc.…nous avons rencontré la présente situation. Cette dernière est une nouvelle crise de sous production réelle, d’abord d’électricité nucléaire, mais aussi d’entreprises énergétivores qui ne peuvent plus fonctionner avec des coûts devenus hors de portée et qui seront condamnées à délocaliser vers des zones plus accueillantes. Mais elle est aussi, malgré les craintes de la BCE une crise de surproduction de monnaie et de dette : il faut en revenir au « quoi qu’il en coûte » de la crise sanitaire et les Etats endettés doivent à nouveau faire confiance au tapis d’argent magique que ladite BCE ne peut réellement produire alors que sa vocation reste de lutter contre l’inflation…. Toujours plus de nouvelles béquilles aux effets multiples pour le château de cartes que l’on veut voir grossir et s’agrandir…. Il est des moments où l’insurmontabilité des contradictions qui résulte des règles du jeu que les humains se sont fixées, doit être clairement exposée par les autorités.

Dans ce contexte, le gouvernement français doit devenir courageux et s’honorer de réelles décisions :

  • Envisager toutes mesures utiles avec l’Allemagne pour mettre fin au faux marché de l’électricité.
  •  Rétablir les prérogatives d’EDF : en mettant fin à l’ARENH , en mettant fin aux privilèges léonins des lobbys, en proposant un monopole européen de transport et de distribution permettant d’uniformiser les bases d’une compétitivité commune , en élargissant l’interconnexion des réseaux aux fins d’une solidarité européenne large.
  • Faciliter la perspective de la « boucle nucléaire » (neutrons rapides) aux fins de l’utilisation productive des déchets. Cela passe par la remobilisation des scientifiques perdus par les abandons de jadis (Superphénix et Astrid).
  • Mettre fin aux bureaucraties, à la spéculation, et à la volatilité des prix et tarifs de l’énergie. Cela passe par le retour rapide d’une maîtrise de la finance par le politique et la réorientation des compétences humaines depuis l’inutile et le nuisible vers le travail productif.
  • Placer les questions énergétiques en « économie de guerre » afin de quitter rapidement la dangereuse situation présente. (Il fallait naguère 5 ans pour construire une centrale, comment expliquer les 15 années requises aujourd’hui ?).
  • Mettre à profit ce moment historique pour construire un système énergétique fertilisant la réindustrialisation du pays (tant qu’il n’y aura pas eu découplage ente PIB et consommation énergétique l’économie ne restera, au fond, que de l’énergie transformée). Cela passe par le retour d’une planification réelle soucieuse des dangers du seul productivisme sur les impacts environnementaux. Cela passe aussi par la mise en place d’un outil financier qui, cessant de s’orienter vers des créations monétaires à des fins spéculatives, s’oriente vers de la création aux seules fins de l’investissement réellement productif. Pour une très large part, la monnaie ne doit plus avoir comme contrepartie une dette financière mais une production matérielle de biens générateurs d’efficience collective.
  •  De quoi mettre fin au couple diabolique de sous production matérielle/surproduction de dettes et de monnaie. De quoi restaurer les conditions nécessaires à la reconstruction du pays sur des bases nouvelles.

 

 

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27 décembre 2022 2 27 /12 /décembre /2022 09:31

Henri Proglio était président d'EDF lorsque la loi NOME instituant la cession d'électricité produit par EDF a de simples marchands fut programmée. A l'époque il ne se prononçait pas sur ce qui était un scandale légal. Il est aujourd'hui d'une certaine façon libéré.

Bonne écoute.

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23 décembre 2022 5 23 /12 /décembre /2022 12:56

Au delà des auditions de l'Assemblée Nationale consacrées à la crise de l'énergie, nous diffusons ci- dessous la première partie de l'Université d'automne de L'UPR. On y trouvera des développement intéressants concernant nombre de thèmes travaillés dans le blog.

Bonne écoute.

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  • : Le Blog de Jean Claude Werrebrouck
  • : Analyse de la crise économique, financière, politique et sociale par le dépassement des paradigmes traditionnels
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